20180216 Pourquoi ce voyage ?

20180216 Pourquoi ce voyage ?

Exposer ses motivations c’est évidemment faire preuve d’impudeur. C’est s’exposer et oser parler de soi-même. Mais c’est le passage obligé pour comprendre « pourquoi ce voyage ? ».

Depuis de nombreuses années je m’intéresse au Moyen Orient antique.

Je ressens profondément que là se tient nos racines.

Daesh d’ailleurs ne s’y est pas trompé en s’attaquant au cœur de ce qui constitue notre civilisation.

Essayons de circonscrire cet intérêt dans l’espace et dans le temps.

Pour l’espace une carte grosso modo :

De l’Afghanistan, en passant par l’Asie Centrale, à l’Iran, l’Irak, la Turquie, la Syrie, le Liban, Israël, la Cisjordanie, la Jordanie, la Péninsule Arabique, l’Égypte des Pharaons, là sont nées, se sont développées et sont mortes les grandes civilisations berceau de notre culture.

Mais pas que là … : il convient d’ajouter la Grèce antique.

Notre culture est Judéo-Chrétienne … mais pas que ça. Dans un raccourci vertigineux : à ce fond sémitique est venu se conjuguer l’apport Grec, revenu à nous par les savants arabes, et s’intriquer la religion chrétienne. Plus tard viendra la laïcité.

« Qui trop embrasse mal étreint », il faut bien fixer une frontière à l’étude. Ainsi les grandes Civilisations de l’Indus avec lesquelles les civilisations moyennes orientales ont commercé, n’entre pas dans l’épure.

Nonobstant, l’intérêt pour la Rome antique et les civilisations du Danube et Germaniques sont à considérer.

Cette région du monde que l’on appelle le « Croissant Fertile » est un nœud de civilisation et une voie de passage depuis la nuit des temps. C’est un pivot géographique entre l’Afrique, l’Asie Centrale, la Péninsule Arabique et l’Europe. C’est aussi un nœud sismique.

C’est par là que le genre humain avec « Homo Erectus » a opéré sa première sortie d’Afrique il y a 2 millions d’années pour conquérir le monde et évoluer en Homme de Néanderthal notamment dans l’Europe de l’Ouest, mais pas que, où il va s’éteindre il y a 30 000 ans sous la pression de l’homme moderne. Et c’est par le Croissant Fertile encore que le genre humain avec l’homme moderne « Homo Sapiens » fait sa deuxième sortie d’Afrique il y a 200 000 ans. On le retrouve en France à -40 000 an avec l’Homme de Cro-Magon.

C’est aussi là dans le Croissant Fertile, il y a 9 000 ans que s’invente « la révolution Néolithique », comme à Jéricho par exemple.

Solidement fondés sur cette révolution néolithique, les grands bassins civilisationnels que sont la Mésopotamie entre Tigre et Euphrate, l’Égypte « don du Nil », l’Anatolie des Hittites, l’Assyrie, les Perses d’Iran, se sont disputé le leadership sur le Croissant Fertile tout au long des 5000 ans de l’antiquité. Les peuples du milieu, Canaanites, Edomites, Ammonites, Moabites, Phéniciens, Philistins, Madianites, Nabatéens, Hébreux, … – qui se souvient d’eux -, ballotés, périodiquement et successivement envahis par leurs puissants voisins, n’ont eu le choix que de subir et de collaborer dans un enrichissement mutuel in fine. En fin de parcours viendront les Perses d’Iran, les Grecs, Alexandre le Grand, les Romains, les Chrétiens ; bien plus tard les Arabes. Ainsi le Pays de Cham, terre du milieu, terre sous influence et terre d’enjeux stratégiques, est-il balayé sur les flots du temps par le flux et le reflux des invasions des grandes civilisations qui l’entoure.

C’est dans le pays de Sumer que commence l’histoire, avec l’écriture cunéiforme il y a 3 500 ans avjc, juste un peu avant les hiéroglyphes égyptiens de 3 200 ans avjc.

C’est à Sumer que s’inventent la ville et l’urbanisme.

Arrêtons nous un instant sur les Sumériens. C’est par eux que mon intérêt a débuté. Ils sont fascinants ces Sumériens. Il occupent la Basse Mésopotamie (le Sud de l’Irak) de 3 500 ans avjc à 2 000 ans avjc, avec leur grandes villes comme Ur, Uruk, Éridu, Larsa … On ne sait pas vraiment qui ils sont, ni d’où ils viennent. En tous cas ils ne sont pas Sémites.

De leur civilisation, il ne reste que de la poussière, ou presque …

Tablette cunéiforme

Dans la grande plaine plate Sud désertique de la Mésopotamie, pays d’entre les fleuves, sauf les quelques tumulus inexpressifs érodés par le vent qui s’acharne, parcourant ces grands espaces désolés soulevant des nuages du sable des temps, il ne reste rien ou presque de ces villes magnifiques en briques de terre, qui s’élevaient là, centrées sur leur haute ziggourat derrière de vaillantes murailles, entourées sur des milliers d’hectares de palmeraies dattiers et de champs irrigués et verdoyants, cultivés par des hommes ingénieux, les Sumériens. C’est pourtant ici et à 3500 ans avant notre ère, soit à 5500 ans de nous, que tout aurait commencé.

A la suite de la révolution néolithique, les Sumériens, inventent la ville, l’écriture, la mathématique, l’astrologie, la socialisation, la culture. Repris par les Akkadiens, Cananéens, Araméens, Chaldéens, puis par les Hébreux qui rédigent la Bible, les Grecs, les Romains, les Chrétiens, les Musulmans, notre société judéo-Chrétienne est en filiation directe.

15 mars 2012, Irak, Site archéologique d’Uruk, royaume de Gilgamesh, 3200 ans avjc

Venus de la Péninsule Arabique, poussant leurs troupeaux devant eux, des peuples sémites ont remonté ce croissant fertile jusqu’aux piémonts du Taurus puis sont redescendus dans la vallée entre le Tigre et l’Euphrate pour finalement rencontrer les Sumériens.

Le Code d’Hammourabi

Sous ce flux migratoire continu, les Sumériens ont été progressivement incorporés, fondus dans le nombre. Chose incroyable, cette submersion fut une intégration qui s’est pratiquement faite sans violence. Au bout de leur route, ces Akkadiens sémites ont trouvé une civilisation sumérienne brillante et aboutie. Au point tel qu’il l’ont adoptée. Ils ont transcrit leur langue dans l’écriture cunéiforme des Sumériens. Ils ont adopté le Sumérien comme langue liturgique et de culture. Et ainsi pendant 3 000 ans. Un peu comme pour nous le Latin. La dernière tablette rédigée en cunéiforme sera écrite en 30 de notre ère.

Avec les Akkadiens, à Babylone, et leur roi Hammourabi est proclamé le premier code de loi de l’humanité (exposé au Louvre).

Enfin c’est à Byblos, en Phénicie (aujourd’hui en Syrie), en 1 200 avjc qu’émerge notre alphabet.

La dimension temporelle du continuum de mon intérêt commence avec Toumaï, il y a 7 millions d’années et s’arrête en 732 à Poitier, voire en 1 492 en Andalousie.

Un peu comme un pèlerinage aux sources toujours inaccessibles, la recherche des origines, toujours illusoire relève du goût de se situer dans l’espace-temps, mû par l’unique aspiration de comprendre, avec empathie, ce monde et les hommes qui le peuple.

Voilà pourquoi ce voyage.

Michel

20180216PourquoiCeVoyage

6 réflexions sur « 20180216 Pourquoi ce voyage ? »

  1. Mon humilité est à la mesure de la détermination qui est la tienne face à ce défi d’entreprendre un périple qui additionne, malgré tout ce que ns pouvons en penser, des incertitudes sécuritaires.
    C’est 1 pèlerinage à risque, et tu le sais, pour lequel ta foi devra te préserver de quelques vicissitudes, entre autres, mais également te permettre d’observer une certaine sagesse afin de t’assurer 1 retour à Château-Bernard comme tu en partiras c’est à dire en bonne santé.
    Le berceau de nos civilisations est aujourd’hui le berceau de bien des tourments entretenus depuis trop longtemps par la cupidité l’intolerance mais aussi par la cruauté de nos semblables.
    Ces civilisations qui ns ont ouvert la voie qui ns ont permis d’être ce que ns sommes aujourd’hui notamment par l’écriture par laquelle je viens te rendre visite à cet instant qu’en avons ns fait.?
    Nos origines ns interpellent, je suis de ton avis, j’y pense souvent pour ne pas dire depuis tjrs mais je il me manquera tjrs cette imprégnation ultime pour te suivre ds ta quête.
    Tu connais mon positionnement depuis 1 certain tps, il faut être serein et encouragé pour se persuader de cette nécessité car je crois que cela en est une.
    Michel je suis avec toi.
    Patrick.

    1. Bonjour Patrick,
      Avec délai je réponds à ton commentaire. Il est tellement fort et chaleureux que j’ai suspendu ma réponse. Faut-il y répondre d’ailleurs. Tu as tout dit, ou plutôt, écrit. C’est à moi maintenant d’exprimer mon humilité face à ton accueil et aussi à l’accueil de tout ceux qui me lisent et m’adressent leur adhésion à mon entreprise. De plus ton commentaire est excellemment rédigé en formules élégantes. Ce qui le rend fluide et agréable à lire. Il convoque ma foi et ma sagesse pour surmonter les moments difficiles et les dangers que je ne manquerai pas d’affronter. Mais je compte bien que ces moments soient épars et que les instants de bonheur et de sérénité multitude. Je ne sais rien de ce qui m’attend vraiment ; c’est un plongeon vers l’inconnu. C’est effrayant, mais consubstantiel à toute quête.
      Ce Pays de Cham et plus largement ce Croissant Fertile ont subit, comme tu l’écrit, bien des tourments par égoïsme, soif de richesse, de puissance, de pouvoir et par stupidité, de la part des peuples et de leurs gouvernants au tout premier chef. Et pas que dans cette région du monde d’ailleurs : il suffit d’en appeler à la conquête de l’Amérique centrale par Cortes ou de l’Amérique du Sud par Pizarro, de l’Amérique du Nord par les colons Anglo-Saxons, de l’expulsion des Juifs et des Arabes par Isabelle la Catholique dans l’Andalousie de 1492, à la Shoa … Les exemples dans l’histoire et dans l’espace sont innombrables. Il en est encore ainsi aujourd’hui. Mais il y a eu aussi des hommes ou femmes héroïques de tous les camps qui se sont élevés contre cette barbarie. Grâce à eux mon amour de l’humanité est inextinguible, bien que je réalise maintenant que par sa faute son temps est compté.
      Je te remercie encore de ta chaleureuse amitié exprimée dans ton message.
      J’ai normalement prévu un retour à Château-Bernard le 30 juin en bonne santé.
      Michel

  2. Bonsoir,
    Bien que le texte soit fort intéressant et bien tourné, je suis tout à fait d’accord avec le précédent commentaire de « S ».
    Prenez soin de vous.
    Certaines choses, même si elles relèvent de nos racines, ne sont ni comestibles, ni digestes !
    Amicalement

    1. Bonjour Sandrine,
      Merci de me lire.
      Vous exprimez votre accord avec le commentaire de « S », alors je vous invite à prendre connaissance de la réponse que j’ai formulée.
      Je crains d’ailleurs ne pas répondre à toutes les questions posées ou non explicitement exposées.
      Amicalement,
      Michel

  3. Pour moi un pèlerinage a une connotation religieuse, et bien que tu ailles sur des terres a l’origines de nos civilisations, pour comprendre ce monde et la place de l’homme , ce qui est plus du ressort de la philosophie , es tu certain de pouvoir trouver les réponses que tu cherches ?
    Un paramètre que je ne négligerai pas , celui des sciences, car ce sont elles qui nous ont permis et nous ont donné accès a ces découvertes , par contre il est vrai qu’a l’époque Sciences/Religions & Philosophie faisaient bon ménage, ce qui n’est plus vraiment vrai a l’heure actuelle.
    Fais quand même attention , car la ou tu vas aller l’obscurantisme prime sur la connaissance et la curiosité .
    Bisous

    1. Corinne,
      Oulala ! Que ça va être difficile de répondre à ton commentaire. Il pose plein de questions sous-jacentes.

      Tout d’abord, bien que j’évoque les Écritures Saintes hébraïques, chrétiennes, ou musulmanes, mais pas que …, mon blog n’est pas un blog religieux visant au prosélytisme. Toutefois, je pense sincèrement que la connaissance de l’histoire des religions est une clef pour comprendre le monde dans lequel nous vivons. Mais cela est un autre sujet qui mériterait un long développement. Bien entendu s’intéresser aux religions n’induit pas de fait la foi, mais ne l’exclu pas de fait non plus.

      La question du mot « pèlerinage ».
      Peut-être ce mot eût-il à l’origine une connotation exclusivement religieuse. Mais de nos jours on peut concevoir un pèlerinage laïc. On peut parler de pèlerinage quand on visite les hauts lieux de la Résistance dans le Vercors par exemple. On peut aussi employer le mot pèlerinage quand on entreprend un voyage dans le but de se recueillir des lieux où se sont déroulés des évènements laïcs, ou des lieux où l’on a vécu soi-même. Mais on peut aussi entreprendre un pèlerinage religieux tout autant.
      Toutefois il est vrai que « pèlerinage » est intriqué avec « recueillement » : pas de pèlerinage sans recueillement.
      Dans ce sens je conçois que j’entreprends un pèlerinage « sur les terres à l’origine de nos civilisations » comme tu l’écris.

      La question de trouver
      Comme je l’ai écrit à Pascale et Jean-Phi, trouver ce que je recherche – et encore faudrait-il que je le sache vraiment – m’est complètement égal. L’essentiel est dans la quête. Peut-être se produira-t-il, quand je serai sur place, que je comprenne ce que je suis venu chercher là, ou que là il n’y a rien à trouver. Ce que je sais aujourd’hui est que là-bas j’ai rendez-vous avec moi-même. Et je ne saurai décliner ce rendez-vous, sauf à perdre ma dignité à mes propres yeux.

      La question des sciences
      Bien évidemment que sans les sciences, comme l’archéologie et ses techniques scientifiques, nos connaissances des civilisations antiques seraient très pauvres. Pour illustrer prenons le cas des fouilles archéologiques pirates. La question de l’information est au cœur de l’archéologie. Ainsi aujourd’hui un archéologue tire autant d’informations d’un objet antique en propre qu’il découvre, que de l’environnement dans lequel il le découvre : stratigraphie, trace d’incendie, pollens … . Avec les fouilles clandestines on perd toute l’information de l’environnement, et l’objet sec se trouve sur les marchés de l’art.
      Au titre des sciences encore, ces méthodes scientifiques stratigraphiques du texte s’appliquent dans l’analyse exégétique des Écritures.
      Je n’ai pas répondu à toutes les questions.
      Merci de l’attention que tu porte à mes articles,
      Prends soin de toi,
      Michel

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