Un île enchanteresse et une sombre histoire entre prêtre
Le petit déjeuner
Ils ont la maladie du plastique en Egypte : la Méditérranée n’est pas sortie de l’auberge. Tu achètes un paquet de chips, même petit, ils te l’emballent dans un sac en plastique.
Continuum
« L’île/ville d’Éléphantine (En Grec : Ελεφαντίνη, en Égyptien : Abw Abou ou Yebu ou Yeb, en arabe : جزيرة الفنتين) est située sur le Nil, face à la ville d’Assouan, juste en aval de la Première cataracte. Elle constitue la dernière des îles qui forment la première cataracte du Nil. C’est une cité du 1er nome de Haute-Égypte, le nome « Du Pays de l’arc ou du Pays de Nubie » (tA-sty), dont elle fut un temps la capitale. Son emplacement marque la frontière entre le Sud de l’Égypte et la Nubie. L’île mesure environ 1.200 mètres (3.900 pieds), du Nord au Sud et est d’environ 400 mètres (1.300 pieds) de large en son point le plus large. Elle est aujourd’hui un quartier de la ville d’Assouan.
Elle est entourée à l’Ouest par l’île Kitchener, occupée aujourd’hui dans sa totalité par un jardin botanique, au Sud par des îlots rocheux au milieu du Nil et à l’Est par la ville d’Assouan. Son nom, Abou, vient de « Ab » qui à deux significations : Éléphant et l’ivoire. Il semblerait d’après les textes anciens, que la ville fut un important centre de négoce de l’ivoire originaire d’Afrique. D’autres théories prétendent que l’île est nommée ainsi d’après sa forme, qui pourrait rappeler celle de défenses d’éléphant ?. C’est le sens du mot Grec elephas elephas ou ελέφας. Son nom Égyptien ancien était Yeb.
Éléphantine était aussi célèbre pour ses carrières de granit gris et rose (En face, à l’emplacement de la ville moderne d’Assouan) et en particulier pour la roche granitique appelée syénite d’où étaient extraits par exemple, les obélisques et les statues colossales que l’on trouvait dans toute l’Égypte. On voit encore, dans la roche d’origine, les traces des carriers qui y travaillaient il y a plus de 4000 ans.
C’est aussi avec ces carrières que la ville va s’enrichir fournissant tout le pays en matériaux de construction. »
Source AntikForever
La traversée du Nil
Du débarcadère au site archéologique
Le site archéologique
Quelques dates pour comprendre :
– 1000 avjc Salomon et David : royaume Hébreu unifié, puis séparation en 2 royaumes : le royaume de Samarie avec Samarie (Naplouse) comme capitale et le royaume de Judée avec Jérusalem comme capitale
– 722 Destruction du Royaume de Samarie par les Assyriens
– 722 Ezechias roi de Judée à Jérusalem
– 622 Josias roi de Judée à Jérusalem
– 587 prise de Jérusalem par Nabuchodonor II roi de Babylone. Il détruit le Temple de YHWH à Jérusalem. Il déporte à Babylone ce qu’il reste de la royauté juive, les prêtres et intellectuels scribes Juifs et les meilleurs artisans. Partis avec les rouleaux de la bibliothèque du Temple de YHWH de Jérusalem, cette population déportée, n’ayant plus ni nation, ni temple décident, pour sauvegarder l’identité hébraïque, de réunir les textes et de les compiler pour ce qui deviendra la Thora, pour nous « l’Ancien Testament ». Ainsi la Thora deviendra le Temple ambulant de la religion juive. Ce fut une idée de génie. Ce fut un idée très en avance culturelle et cultuelle de son temps.
– 612 prise de Babylone par les Perses : Cyrus le roi Perse autorise les juifs de Babylone à rentrer au pays de Judée et à y reconstruire le temple. Les Perses conquièrent tout le Croissant Fertile dont l’Egypte.
– 410 : et c’est à ce moment là que se déroule le conflit sur l’Île d’éléphantine entre les prêtres de Knoum et les prêtres de YWH et que ourdi par les prêtres de Knoum avec l’aide des forces du Satrape du Nome d’Eléphantine est opéré la destruction du temple Juif d’Eléphantine.
Pour comprendre l’origine du conflit il faut revenir aux Ecritures. Dans la Thora (Ancien Testament) YHWH demande à Abraham, pour tester sa foi, de lui sacrifier son file Isaac sur le Mont Moriya (je ne suis pas sûr de l’orthographe) – que l’on situe à Jérusalem. Sans discuter Abraham prend son fils adolescent, charge la mule et se rend au Mt Moriya. Isaac ne pose pas de question sauf qu’il dit à son père qu’il se soumettra à sa volonté. Etendu du l’autel, Abraham s’apprête à égorger son fils en sacrifice à YHWH. Alors un ange de YHWH intervient, retient sa main et lui présente un bélier en remplacement d’Isaac. Abraham a bien prouvé sa foi en YHWH. (Pour les Musulmans qui ont la même croyance mais pas avec Isaac mais avec Ismaël, il s’agit de la fête de l’Aïd.
Ainsi les prêtres Juifs d’Eléphantine sacrifiaient-ils toutes les années un bélier dans leur temple. Ce qui n’était pas au goût des prêtres de Knoum, dont la représentation symbolique du Dieu Knoum était le bélier et représenté de forme humaine avec une tête de bélier.
Et voilà la suite de l’histoire que nous connaissons grâce à la découverte des fameux papirii d’Eléphantine :
« Les Juifs avaient leur propre temple YHW où ils affichaient des croyances polythéistes,et qui fonctionnait à côté de celui de Khnoum
Le fonctionnement du temple d’Éléphantine pose un double problème religieux, vis-à-vis du culte juif d’une part (le principe deutéronomique de la centralité du culte à Jérusalem se trouve violé, l’utilisation du trigramme YHW au lieu du tétragramme YHWH a pour but, avec le retrait d’une lettre, de contourner l’interdiction deutéronomique : voir l’article YHWH, et aussi du fait qu’ils adoraient deux autres dieux, un masculin et un féminin), vis-à-vis du culte égyptien d’autre part (le culte de Khnoum, dieu-bélier d’Éléphantine, dieu-potier des enfants à naître, s’accommode mal du sacrifice des béliers lors de la pratique régulière de l’holocauste).
En 410 av. J.-C., une révolte éclate, fomentée par les prêtres égyptiens de Khnoum, contre le temple juif. Ce sont des officiers perses qui dirigent cette action et détruisent le temple entièrement. Ils s’en prennent au bâtiment et aux biens, mais pas physiquement aux personnes. Les exécutants seront ensuite éliminés, les prêtres juifs se trouvant ainsi, dans ce qui semble un règlement de comptes, partiellement vengés : « Quant aux hommes qui avaient désiré du mal à ce sanctuaire, ils ont tous été tués, et nous les avons eus en spectacle. » Les prêtres égyptiens de Khnoum, fomenteurs mais non acteurs de la révolte, ne sont pas inquiétés.
La « Requête à Bagoas » (collection Sayce – Cowley ) est une lettre écrite en 407 av. J.-C. à Bagoas, le gouverneur perse de Judée, et qui lançait un appel à l’aide pour la reconstruction du temple juif à Éléphantine, qui venait d’être endommagé gravement à l’instigation des prêtres du temple (égyptien) de Khnoum. Dans le cadre de cet appel, les habitants juifs d’Éléphantine parlaient de l’ancienneté du temple endommagé :
« Nos ancêtres ont bâti ce temple dans la forteresse d’Éléphantine à l’époque du royaume d’Égypte, et lorsque Cambyse est venu en Égypte il l’a trouvé déjà construit. [Les Perses] ont renversé tous les temples des dieux de l’Égypte, mais personne n’a causé aucun dommage à ce temple. »
La communauté lança également un appel à l’aide à Sanballat, un potentat samaritain, et à ses fils Delaiah et Shelemiah, ainsi qu’à Johanan ben Éliashib (en). Sanballat et Johanan sont tous les deux mentionnés dans le Livre de Néhémie,
La communauté lança également un appel à l’aide à Sanballat, un potentat samaritain, et à ses fils Delaiah et Shelemiah, ainsi qu’à Johanan ben Éliashib. Sanballat et Johanan sont tous les deux mentionnés dans le Livre de Néhémie.
Il y eut une réponse des deux gouverneurs (Bagoas et Delaja), écrite sous la forme d’un mémorandum et qui donnait la permission de reconstruire le temple comme il était auparavant. Les faits se trouvent très clairement relatés dans un papyrus araméen écrit par ceux qui les ont subis. Arshama est le satrape d’Égypte, c’est-à- dire le gouverneur, un fonctionnaire médo-perse. Vidranga est le gouverneur (perse) d’Éléphantine. Bagôhi est le satrape (perse) de Judée. Sin’uballit est le satrape (juif) de Samarie. Yahôhanan est le grand prêtre (juif) du Temple de Jérusalem. Jédonyah est un prêtre du temple juif d’Éléphantine.
Une démarche des prêtres juifs auprès des prêtres de Jérusalem reste sans réponse. Un an plus tard, c’est une démarche des gouverneurs perses de Samarie et de Judée qui débloque la situation. Ils demandent au gouverneur perse d’Égypte d’autoriser la reconstruction du temple à l’identique, d’y autoriser l’oblation et l’encensement, mais aucun holocauste n’y sera autorisé à l’avenir. La demande tient compte à la fois des réticences des prêtres de Jérusalem et de la volonté des prêtres égyptiens de Khnoum : les béliers seront désormais respectés. Selon un second papyrus (Cowley no 32, Grelot no 103), Bagôhi et Dalayah (l’un des fils du satrape de Samarie) interviennent auprès d’Arshama en envoyant un messager :
« Mémorandum de Bagôhi et Dalayah. Ils m’ont dit : Mémorandum. Tu auras à dire en Égypte devant Arshama, au sujet de la maison-à-autel du Dieu du ciel, qui avait été construite à Éléphantine-la-forteresse autrefois avant Cambyse, (et) que ce vaurien de Vidranga a détruite en l’an 14 du roi Darius : de la construire à sa place comme elle était auparavant, et l’on offrira l’oblation et l’encensement sur cet autel, conformément à ce qui était fait auparavant. »
Le feu vert est donné par le satrape d’Égypte en 406 av. J.-C.. Les prêtres de Khnoum obtiennent satisfaction sur le fond, avec une promesse des prêtres juifs. Un troisième papyrus (Cowley no 33, Grelot no 104) contient les remerciements des intéressés à Arshama21 :
« Tes serviteurs : le nommé Yédonyah fils de Gamaryah : 1 ; le nommé Ma’ûzî fils de Natan : 1 ; le nommé Shama’yah fils de Haggay : 1 ; le nommé Hôshéa fils de fils de Yatôm : 1 ; le nommé Hoshéa fils de Nattûn : 1 ; en tout, cinq hommes syènites qui sont colons à Éléphantine-la- forteresse, parlent ainsi : Si notre Seigneur le veut, le sanctuaire de YHW notre Dieu sera construit à Éléphantine-la-forteresse comme il était avant, et il n’y sera pas fait d’holocauste de béliers, bœuf et boucs, mais on offrira l’encensement (et) l’oblation. Et que notre Seigneur fasse une enquête là-dessus. Quant à nous, nous donnerons à la maison de notre Seigneur une somme de 22… ainsi que de l’orge : mille artabes. »
Il semble que le temple ait été reconstruit, mais nous perdons la trace de la communauté juive d’Éléphantine quand une rébellion égyptienne, en 399 av. J.-C., boute les Perses hors d’Égypte15.
Vers le milieu du IVe siècle avant notre ère, le temple d’Éléphantine cessa de fonctionner. Des fouilles ont prouvé que la reconstruction et l’agrandissement du temple de Khnoum sous Nectanébo II ont occupé l’emplacement de l’ancien temple de Yahvé. »
Source Wikipédia
Bon reprenons la visite …
Les Nilomètres
« Il ya deux nilomètres sur l’île Éléphantine qui ont été mis au jour par des archéologues Allemands. C’était des dispositifs pourvus de graduations, qui servaient à mesurer la crue du Nil. Le début de la crue correspondait à la date fixée pour le début du calendrier. Cette mesure était une des tâches importantes du Nomarque de l’île. De l’amplitude de la crue, surveillée grâce aux nilomètres, dépendait la qualité des récoltes. Une crue trop importante pouvait créer des dégâts dans le système d’irrigation, au contraire une crue trop faible diminuait la surface de terre qui pouvait être cultivée. Le nilomètre pouvait donc aussi servir à fixer le montant des impôts. Ils étaient étalonnés à l’aide d’une unité de mesure appelée, la coudée.
Le nilomètre sur l’île Éléphantine, était d’une grande importance car près de la première cataracte il était le premier avant-poste où les inondations se déployaient et, de ce fait, le premier à savoir quand elles allaient se terminer. Les premières traces d’un nilomètre remontent à la VIIe dynastie (2140-2130 ?), mais ce fut cours de la XIe dynastie (2134-1991), qu’un sanctuaire fut érigé sur l’île afin de célébrer les inondations. Ce nilomètre fut remplacé par un beaucoup plus au bord du temple de Khnoum au cours de la XXVIe dynastie (664-525). Ce serait lors de la XXXe dynastie qu’une terrasse et un nouveau nilomètre au bord de la rivière furent ajoutés au temple de Satis. Enfin, ce fut lorsque l’Égypte tomba sous la domination Romaine qu’il fut modifié pour la dernière fois. »
Source AntikForever
Le nilomètre coudé
« C’est un des plus célèbres nilomètres d’Égypte. Il consiste en long corridor-escalier coudé en pierre de 90 marches plongeant dans le fleuve, recouvert en partie par un toit de granit qui est rattaché au temple de Satis. Le long du nilomètre des niches creusées dans le mur abritaient des lampes à huile pour éclairer les marches. Sur les murs, des échelles graduées servaient à relever le niveau de la crue. On a relevé sur les parois des indications qui marquaient le niveau des crues les plus importantes qui eurent lieu entre le règne de l’Empereur Auguste (av.J.C-14 ap.J.C) et celui de l’Empereur Septime Sévère (193-211). »
Source AntikForever
Le deuxième nilomètre, sûrement le plus ancien, est un bassin rectangulaire relié au fleuve par un conduit souterrain rattaché lui au temple de Khnoum. L’un des deux nilomètres est mentionné par Strabon (Historien et philosophe Grec, 63 av.J.C -23 ap.J.C – Livre XVII, 1), mais on ne sait pas avec certitude lequel. On pense que, d’après sa description, il s’agit de l’escalier.
« Le nilomètre est un puits construit en pierres bien équarries dans lequel sont faites des marques indiquant les crues du Nil, car l’eau dans le puits monte et
s’abaisse avec celle du fleuve….. ».
Plusieurs sources affirment que le légendaire Puits d’Eratosthène, célèbre pour le calcul de la circonférence de la Terre par Eratosthène (v.276-v.194), était situé sur l’île.
Le temple de Satis de Toutmôsis III
Retour à l’embarcadère
A bientôt les amis
Michel
Seul regret de cette nouvelle page égyptienne c’est que tu ns parles des cataractes mais ni on ne les entend ni on ne les voit.
Peut-être pour une prochaine fois.
Les nilométres je les découvre aujourd’hui, nul doute que les Égyptiens avaient 1 oeil attentif sur les différences de débits du nil, fleuve nourricièr mais parfois capricieux et imprevisible.
Bonne continuation pèlerin.
Les minutes d’enseignements et de silences ne sont jamais assez longues, c’est un vrai bonheur que de voyager à vos côtés.
Bises
Une journée bien pleine qui fait le grand écart entre le petit déjeuner version « le plastique c’est fantastique » et le gobelet en libre service à la fontaine publique. Chacun choisira son camp.
Personnellement (par procuration) ce matin au petit déjeuner j’ai la chance de découvrir une petite île qui voulait être aussi grosse qu’un éléphant. Elle sert de parfait décor pour ton partage très précis sur un grand moment d’histoire. Notre brillant professeur redevient Indiana Jones à la recherche du temple disparu. Par ailleurs, tu ne pouvais pas nous conter l’histoire égyptienne sans relater l’importance stratégique et économique des nilomètres.
Neanmoins, avec le retour du silence, l’aventurier sait se faire poète à contempler les felouques glisser sur le Nil. Moment de méditation. Les photos s’apprécient d’autant plus avec la bande son du réalisateur.
Une journée en terres lointaines relatée dans un très bel article au scénario bien ciselé. Chapeau l’artiste.