Quand j’ai préparé mon voyage, je savais que j’avais rdv avec la randonnée à Paléochora du fait de l’isolement des sites archéo côtiers notamment. Après beaucoup de tergiversations j’avais décidé de louer un scoot pour me rendre sur les sites de montagne ; pour me rendre aussi à Sougia et rejoindre à pied les sites côtiers. Mais on propose et la nature dispose. Le vent soufflant en tempête les loueurs m’ont fortement déconseillé de m’aventurer sur les routes, et surtout de montagne, en scoot. Il m’ont invité plutôt à randonner beaucoup plus sûr. Je me suis rendu à leurs arguments et me voilà parti à pied en direction de Sougia. J’aurai couvert la moitié du chemin soit les données ci-dessous.
Beaucoup de photo montre cette mer blanche écrasée par le vent.
Bon ici je m’arrête et je fais demi-tour. Le chemin gravit la falaise pour redescendre sur Sougia
Désolé pour les mauvais enregistrements dûs au vent.
C’est un bus comme cela que je vais emprunter. Il va à Chania. Il me conduira, pour ma part, jusqu’à l’embranchement de Paleochora où je change de bus ; pour un bus plus conventionnel routier.
A l’extrême nord-ouest de l’île de Crète, la petite station balnéaire de Phalasarna est surtout connue pour ses belles plages de sable et son eau turquoise. Les fouilles réalisées révèlent que les lieux ont été occupés dès l’époque minoenne et que la cité antique grecque située au nord du village actuel fut très active entre le IVe et le Ier siècle avant J-C. Cette ville-état maritime fut ensuite détruite lors de l’invasion romaine en -69 avjc. L’ensemble du site archéologique s’articule essentiellement autour des vestiges de fortifications, de tours défensives, de nécropoles et surtout du port de guerre antique. Celui-ci est de nos jours situé à l’intérieur des terres, à plus de 100 m du rivage et plus de 6 m au- dessus du niveau de la mer, conséquence du basculement de l’île suite au puissant séisme de 365 de notre ère. Les installations portuaires, construites sur le pourtour d’une lagune naturelle aménagée, disposaient d’un accès direct sur la mer par l’intermédiaire d’un chenal artificiel. Les matériaux utilisés pour édifier les différents ouvrages ont été extraits des carrières antiques situées au sud-ouest et sud-est de l’ancien port. Outre cet ensemble exceptionnel, le visiteur découvrira en se rendant sur place, le célèbre « trône » creusé dans un bloc de pierre pour lequel deux principales interprétations sont données : une première indique qu’il s’agirait d’une tribune d’orateur ; une seconde évoque un élément de monument dédié à la déesse Astarté protectrice des marins. Le site archéologique est classé et toute la zone est intégrée dans le réseau Natura 2000. Toutefois la beauté du secteur est malheureusement atténuée par les nombreuses cultures sous serres qui parsèment la plaine côtière.
Mon loueur de vtt s’appelle Ulysse. En grec Ulysse c’est Odysseus, voilà tout est dit.
Il propose d’excellent vttae
Polirinia histoire
Polyrinia était l’une des villes-États parmi les plus importantes de l’ouest de la Crète pendant les périodes hellénistique et romaine. Elle a été construite en amphithéâtre sur une colline escarpée, s’élevant à une hauteur de 481 mètres au-dessus du niveau de la mer. De son sommet : une vue impressionnante sur la mer Crète et la mer Libye et les environs pittoresques. La ville a probablement été fondée par les Achéens en 1100 av. J.-C., et son plein développement se produisit à l’époque romaine. Il convient de noter que bien que l’histoire de cet endroit ait commencé à la période minoenne, elle se poursuit jusqu’à ce jour. Il n’y a pas ici une ville magnifique, mais seulement un village calme et un peu endormi, dans lequel les vestiges de l’ancienne splendeur de cet endroit sont tissés.
Polyrinia était la ville la plus fortifiée de la Crète hellénistique et romaine qui dominait la partie occidentale de l’île. Elle a développé des relations commerciales étroites avec Sparte, Milos, Rhodes, Thèbes, la côte de l’ancienne Ionie et l’Égypte. Les navires avec du fret étaient amarrés à la fois à Kissamos et à l’ancienne Falassarna, qui servaient de ports à Polyrinia. En plus du commerce, la ville était également connue pour son élevage, certains de ses habitants pratiquant le métier de berger. Le nom de la ville indique cette orientation économique : polla rinia signifie beaucoup d’agneaux / moutons.
Pendant l’invasion romaine de la Crète, lorsque la ville a été conquise par les Romains, Polyrinia a décidé de soutenir paradoxalement ses envahisseurs. Grâce à cette disposition, la ville n’a pas été détruite. Il convient de rappeler que Gortyna a adopté une tactique similaire. Les deux villes ont acquis une position et des privilèges grâce à leur soutien aux Romains.
Les habitants de Polyrinia ont rapidement érigé un monument au conquérant romain de Crète, Quintus Metellus, tandis que les Romains ont construit un système d’approvisionnement en eau avec un aqueduc et des fontaines dans un endroit nouvellement conquis. C’était un cadeau pour les nouveaux alliés de l’empereur Hadrien.
Polyrinia, grâce aux nouveaux alliés romains, a vaincu son éternel rival, qui était la ville la plus puissante de l’ouest de la Crète : la Canée (Chania) d’aujourd’hui, ou plus tard Kydonia. Sans aucun doute, la prise de contrôle du sanctuaire de Diktynna situé sur le cap Spatha, sur la péninsule voisine de Rodopou, a été un bénéfice indubitable. Le contrôle de cet endroit a toujours été une source de conflit entre l’ancienne Kydonia et Polyrinia. La preuve de l’importance de ce sanctuaire était une route pavée d’une longueur de 11 milles romains, ou plus de 16 km, reliant Diktinna à Polyrinia.
À son apogée, Polyrinia était très riche et puissante. Du IVe siècle à la période romaine, la ville a frappé ses propres pièces de monnaie avec la tête d’un taureau d’un côté et l’image de Zeus de l’autre. Le motif de la tête de taureau est également apparu dans les armoiries de la ville
Selon les mythes, la victoire d’Agamemnon, le retour de la guerre de Troie, s’est arrêtée à Polyrinia. Ses navires ont jeté l’ancre à Honi (aujourd’hui Nopigia), et il s’est rendu au temple d’Artémis en Polyrinia pour s’y sacrifier aux dieux. Au cours de cette cérémonie, il a vu sa flotte navale brûler sur le feu par des prisonniers de guerre. Agamemnon a cessé de faire des sacrifices pour retourner sur les navires dès que possible.
À partir de 1938, aucune fouille n’a été effectuée à Polyrinia. Ainsi, les ruines visibles d’aujourd’hui sont la plus haute « couche » datée de l’âge romain et du Moyen Âge.
La montée au village de Polirinia
Polirinia visite
À pied, après avoir laissé le vélo à la chapelle des 99 Saints, j’ai fait une belle randonnée en spirale montante puis en spirale descendante pour rejoindre le sommet de l’acropole. L’itinéraire suit beaucoup les fortifications de l’enceinte gréco-romaine.
Les murs entourant le sommet de la colline ont été construits au sommet des précédents. Ils ont été modifiés à chaque période et ont maintenant des fragments représentant les techniques grecques, romaines, byzantines et vénitiennes.
Sur la colline se trouvent les vestiges de l’ancienne Acropole et du fort byzantin. Des parties des murs défensifs renforcés par des tours ont survécu jusqu’à ce jour. Sur le côté Est des fortifications, il y a une porte voûtée, qui était l’une des entrées secondaires de la ville.
Dans la ville elle-même, il y avait des maisons sculptées dans la roche caractéristiques et elles ont survécu à notre époque. Ils peuvent être vus dans la Polyrinia d’aujourd’hui.
Le système hydraulique, les réservoirs et les aqueducs
Il y a tout d’abord, les vestiges d’un aqueduc romain. L’aqueduc, ainsi que des réservoirs sculptés dans la roche, ont été construits à différents endroits sur la colline. Ils collectaient l’eau et la distribuait dans toute la ville. L’eau non seulement pour les habitants, mais aussi pour les fontaines publiques. L’approvisionnement en eau était régulé par un barrage mobile, et tout excès d’eau était dirigé vers un réservoir creusé dans la roche.
L’un des principaux tunnels de l’aqueduc est situé au bas de l’habitat moderne, près de la tour semi-circulaire, à laquelle il est relié par un canal spécial passant par les fondations. Cette combinaison avait une importance tactique, car lors d’un éventuel siège, vous pouviez protéger les réserves d’eau. Ce complexe architectural de fortifications et d’installations d’approvisionnement en eau a été une réalisation technologique majeure. Fait intéressant, cet ancien système d’approvisionnement en eau est censé encore fonctionner efficacement à ce jour.
D’autres endroits intéressants auxquels il vaut la peine de prêter attention sont le bâtiment avec des arcs vénitiens, une belle petite église en pierre de l’Assomption de la Vierge Marie, et à l’extérieur du village l’église déjà mentionnée de 99 Pères érigée sur le site de l’ancien temple d’Artémis.
La chapelle des 99 saints et son environnement
Sur l’acropole de Polyrinia, il y avait un temple dédié à la déesse Artémis. De nos jours, les pierres de ce bâtiment ont été utilisées pour construire l’église des 99 saints, qui a été construite à la fin du XIXe siècle en 1894 à l’endroit où le temple d’Artémis a été construit dans l’Antiquité.
Des pierres avec des inscriptions, des traités et des dédicaces ont également été utilisées pour construire l’église.
La montée et la descente en spirale de l’Acropole en suivant les fortifications de l’enceinte
La petite chapelle dans la montée
La vue depuis la terrasse de la chapelle
En suivant les fortifications de l’enceinte
Au sommet de l’acropole
La descente
La chapelle paléochrétienne dans la descente
Et la descente se poursuit
J’ai rejoint et enfourché le vélo pour aller à la nécropole
La nécropole
Près de la route menant à la gorge de Sirikari se trouve le cimetière de l’ancienne Polyrinia, où se trouvent des tombes creusées dans la roche. Un chemin de terre escarpé et étroit y mène.
Puis je suis rentré.
Le retour à Kissamos
Je suis allé avec le vtt faire un tour au port en fin de journée, où je me suis perdu.
Le tombeau minoen tardif IIIA-B (14e-13e siècles avant notre ère) (période postpalatiale -1450 -1200) tombeau de Tholos a été fouillé en 1961 et le dromos dix ans plus tard. Le tombeau se trouve à quelques kilomètres au nord-ouest du village de Stylos, à côté de la route en direction d’Aptera. Le dromos et la chambre circulaire du tholos sont tapissés de pierres. Le diamètre du tombeau est de 4,30 mètres et sa hauteur intérieure est de 4,80 mètres. L’entrée du tombeau lui-même mesure 2,30 mètres de haut et un triangle de soulagement est situé au-dessus du linteau (voir photos ci-dessous). Le dromos mesure 20,80 mètres de long. Au milieu du dromos, une fosse carrée peu profonde mesurant 1,10 m sur 0,70 m a été découverte. On ne sait pas si la fosse, qui avait été creusée dans la roche tendre, avait été utilisée pour un enterrement car elle était vide. Depuis la fosse jusqu’à l’entrée du dromos, le sol était recouvert de pavés en pierre. Il est également apparu que les deux côtés du dromos n’étaient pas de même longueur. Le côté sud était plus long de 6,30 mètres que le côté nord et avait une hauteur d’un rang de pierres supplémentaire. Un autre trottoir de quatre mètres de long a été trouvé à l’extérieur du dromos et on pense que son but était de rester une indication visible de l’endroit où commençait le dromos lui-même. À la suite du pillage de la tombe, seuls des fragments de vases ont été retrouvés, dont la plupart sont d’une qualité exceptionnelle et proviennent du célèbre atelier minoen supérieur de Kydonia (La Canée). Après la période minoenne, le tombeau fut utilisé comme lieu de culte. A l’intérieur, des coupes triangulaires en relief datant de la période archaïque ont été retrouvées. Des vaisseaux similaires ont été trouvés dans le dromos ainsi que dans les couches perturbées à l’intérieur de la paroi de la chambre du tholos.
La cité
La cité proprement dite
À une courte distance de la route entre Stylos et Aptera, sur le versant nord-est d’une colline, faisant partie d’une importante colonie minoenne, très probablement associée au LM III (période postpalatiale -1450 -1200) au tombeau de Tholos sous le nom de a-pa-ta-wa. La colonie semble avoir été occupée pendant la période minoenne jusqu’à son abandon à la fin du Minoen IIIC (1190-1070 avant notre ère), bien que le bâtiment qui a été fouillé date de LM III. Linear B à proximité, a été fouillé. On pense qu’il pourrait s’agir du site de Minoan Aptera, connu grâce aux tablettes. D’un côté se trouvait un mur de 11 mètres de long, conservé à une hauteur de 1,30 mètres. Un certain nombre d’autres murs ont également été découverts, mais la disposition du bâtiment n’était pas claire. À l’intérieur du bâtiment, une petite grotte avait été aménagée. La grotte mesurait 1,50 m de profondeur et 1,60 m de largeur et l’entrée mesure 1 m de haut sur 0,75 m de large. La grotte a été agrandie en taillant et en nivelant la roche naturelle sur les côtés. Devant l’entrée, une fosse rectangulaire avait été creusée avec des marches peu profondes creusées à l’intérieur de la fosse. Au point le plus haut, un canal creusé dans la roche et recouvert d’une série de minces pavés menait à la grotte qui semble servir de réservoir. Dans la deuxième phase de construction, la grotte avait été mise hors d’usage. L’entrée de la grotte et la zone située devant celle-ci étaient bloquées. À l’intérieur de la grotte, un certain nombre de meules ont été trouvées. Au-dessus de la grotte, deux niveaux de plancher ont été identifiés, pavés de pierres et s’étendant sur une longueur de 4,60 mètres. L’étage le plus ancien avait une base de pilier ronde en pierre. Le pilier aurait été en bois. Sur un côté du bâtiment, une fenêtre a été identifiée dont un montant conservé à une hauteur d’un demi-mètre. On a également trouvé sur le bâtiment une marque de maçon en forme de trident. Parmi les découvertes en céramique figuraient des tessons de poterie domestique tels que des récipients tripodes ainsi que des tessons de pithoi, des gobelets à long col, , meules, poids à tisser, verticilles de fuseau et autres objets.lames d’obsidienne
Autant vous dire que je n’ai pu reconnaître que peu de choses et j’ai cherché désespérement la marque en trident du maçon
Le four LMIII B (période postpalatiale -1450 -1200)
Relié au mur sud du grand bâtiment mais néanmoins à l’extérieur de celui-ci, un four à céramique circulaire datant du LM IIIB (période postpalatiale -1450 -1200) a été découvert en 1971. C’est le seul four de cette période connu en Crète occidentale. Au sud du four et du bâtiment, la colline s’éloigne brusquement sur une courte distance. Ici, divers autres bâtiments de la colonie ont été découverts. L’érosion physique a provoqué ici la destruction de la partie sud du four où le feu aurait dû s’allumer. Le four a été retrouvé dépourvu de récipients ou de tessons. Il a la forme d’un cercle irrégulier. Il est conservé jusqu’à une hauteur de 0,70 m. Il a un diamètre extérieur de 2,30 mètres. Le mur d’enceinte, d’environ un demi-mètre d’épaisseur, est conservé principalement du côté ouest tandis que la partie nord, qui touche le bâtiment adjacent, s’aligne avec ce mur et perd ici sa forme circulaire. À l’intérieur du four, créé par deux fines cloisons, se trouvent trois canaux allongés étroits de 1,30 mètres de long dont le canal central est droit mais les deux latéraux apparaissent légèrement courbés suivant la forme générale du four. Ces canaux mesurent un peu plus d’un demi-mètre de haut et ont été logés dans une construction en argile et en pierre. À intervalles réguliers sur leur longueur, il y a des trous d’environ 0,20 m de large. Le logement du canal central est bien conservé et comporte trois trous. Les deux autres sont moins bien conservés. Celui de gauche a un trou restant, celui de droite aucun. Il y aurait eu une grille au-dessus de ces canaux sur laquelle auraient été placés les récipients de fonderie. La grille reposait sur le mur d’enceinte du four. Il s’agissait peut-être d’une grille permanente ou elle pouvait avoir été fabriquée à partir de poterie brisée et d’argile, chaque fois que le four était utilisé. Le potier aurait allumé son feu au sud du four et introduit des matériaux brûlants dans les trois canaux du four depuis l’extérieur selon les besoins afin d’élever la température au niveau nécessaire à la cuisson des pots. Les Minoens ne favorisaient pas le charbon de bois comme source de chaleur, de sorte que lorsque le matériau en feu était consommé ou transformé en charbon de bois, il était retiré et remplacé par un matériau en feu frais. La chaleur monterait par les trous dans la chambre et sortirait par un trou dans le toit. Ce courant ascendant aurait facilité la circulation des gaz chauds à travers le four. On ne sait pas à quoi ressemblait le dessus du four. Il est probable que soit le dessus du four a été démonté après chaque cuisson et reconstruit à nouveau la prochaine fois qu’une cuisson était prévue, soit plus probablement le toit a été retiré et les récipients insérés et retirés par le haut. Les objets à tirer auraient été de la vaisselle relativement petite et de petits pithoi étant donné l’espace disponible.
Le retour
Sur la route du retour je m’accorde un instant d’immersion.
Du haut des plurimillénaires minoens, j’ai considéré avec un certain mépris le site grecque et romain d’Aptéra. Il est en fait tout à fait considérable.
Aptera histoire
L’un des sites archéologiques les plus intéressants de l’ouest de la Crète, Aptera était habité depuis l’époque minoenne (la première référence de la ville d’Aptera sous le nom de A-pa-ta-wa est tracée dans les tablettes linéaires B provenant de Knossos au XIVe-13e siècle av. J.-C.) mais elle n’est devenue une ville importante que vers le VIIIe siècle av. J.-C. Son emplacement au-dessus de la baie de Souda était également stratégiquement important : près de ses deux ports maritimes Minoa (aujourd’hui Marathi) et Kasteli (près de Kalyves) Aptera pouvait contrôler la circulation des navires et il est devenu un poste de traite très important en Crète et l’une des plus grandes villes de l’île.
Aptera a été détruit lors du grand tremblement de terre de 365 après J.-C. et n’a été que peu habité par la suite, mais un monastère dédié à St. Jean le théologien est resté au milieu des ruines.
Aptera visite
Sur le site, vous pouvez visiter d’impressionnantes citernes romaines, des ruines de bains romains, un théâtre nouvellement fouillé et le monastère d’Agios Ioannis.
La zone fermée n’est qu’une petite partie du très grand site qui englobe toute la colline. Entouré de murs de fortification massifs (avec une circonférence totale de 3,5 km), la majeure partie de la zone n’est toujours pas fouillée, mais beaucoup de travail a été fait sur la porte ouest (le premier endroit que vous voyez lorsque vous conduisez vers Aptera).
Au nord de la colline, un grand fort ottoman surplombe toute la baie de Souda.
Vues générales
Le sanctuaire grecque bipartite
À l’époque classique (fin du 5e siècle ou début du IVe siècle av. J.-C.), un sanctuaire de deux pièces lié aux dieux gardiens d’Aptera, Artemis et Apollon, a été érigé sur un lieu de culte antérieur (VIIIe siècle av. J.-C.). Le petit bâtiment est construit en blocs de calcaire taillés, portant des mortaises pour des pinces à double queue d’aronde. À l’est, il est marqué par un mur d’enceinte et un petit autel ordinaire.
Un stylobate (chaussée plate pour la colonnade) d’un grand bâtiment public stoïque survit dans la même zone, à côté de la rue pavée de pierre menant au théâtre de la ville. La recherche ici n’est pas encore terminée, mais les rapports d’anciens voyageurs attestent que cette région abritait le soi-disant « mur d’inscriptions », qui a été détruit au cours de la dernière décennie du XIXe siècle. Les décrets Proxeny de la Boule (conseil municipal) et de l’Ekklesia de Demos (assemblée des citoyens) d’Aptera ont été incorporés dans ce mur.
L’existence de ces bâtiments marque l’urbain comme un centre politique de l’ancienne Aptera, c’est-à-dire l’ancienne agora. Son tableau d’ensemble, cependant, a été déformé par son utilisation diachronique jusqu’à la fin de l’Antiquité (7e siècle après J.-C.) et la construction du complexe de bâtiments de deux étages jusqu’au NE (2e moitié du XVIe – début du XVIIe siècle av. J.-C.) et ses annexes ultérieures.
Les citernes
Les plus imposants monuments de la cité sont ses citernes d’eau potable. Datées de la période romaine, il n’est pas exclu que les plus anciennes soient de la période hellénistique.
La citerne en L
La plus imposante des citernes, appelée gamma (Γ) en raison de sa forme, mesure 55,80 m de longueur et 25 m de largeur et a une capacité de 3 050 mètres cubes d’eau. Le toit, disparu aujourd’hui, était vouté à l’origine. Les murs sont renforcés à l’intérieur par un mur de briques et de plâtre, l’étanchéité du complexe étant assurée par un épais enduit de plâtre étanche. À cause de la longueur du bâtiment, un mur de soutènement a été ajouté afin d’aider les parois à porter le toit et à supporter la pression de l’eau. C’est à cet endroit que fut placé un escalier permettant de descendre dans la citerne et d’assurer son entretien30. Le conduit d’évacuation d’eau n’est pas placé à hauteur du sol. Il est légèrement plus élevé, afin que les impuretés présentes dans l’eau n’atteignent pas le conduit d’eau potable et se déposent au fond de la cuve.
Les grandes citernes voutées
La seconde citerne comporte trois compartiments et autant de voûtes. Une partie de ce complexe est creusée à même la roche, le reste étant un travail de maçonnerie similaire à la première citerne, recouvert d’un enduit très dur qui a persisté sur une grande partie des murs31. Sa capacité est évaluée à 2 900 mètres cubes. Après l’abandon de la ville, lorsque le site ne fut plus habité que par les moines du monastère, cette citerne fut détournée de son utilité première et servit probablement de grenier à grains. Lors de cette transformation, l’escalier menant du toit au sol et permettant l’entretien de la cuve fut détruit. À la place, un accès à la citerne fut creusé au niveau du sol. L’alimentation de ces citernes se faisait par des ouvertures dans le toit de chacune d’elles. Mais l’eau était également collectée par de nombreuses autres citernes situées en divers endroits de la ville qui alimentaient ensuite les deux principales par un système d’aqueducs. Pashley et Perrot décrivent des tuyaux en terre cuite enterrés près de l’entrée des citernes, ainsi qu’un petit aqueduc de 80 centimètres de large et autant de haut32, 31. Ces deux citernes servaient principalement à l’alimentation de complexes de bains situés au nord de ces deux citernes. Contrairement aux usages à l’époque, aucune mosaïque n’a été retrouvée dans ces bains, construits dans les toutes premières années du Ier siècle6.
Les thermes
Les thermes 1
Les thermes 2
Ils sont fonctionnellement lié à la citerne L. Huit pièces sont visibles dans le plan. Une pièce absidiale de maçonnerie impressionnante a un sol en galets et comprend deux baignoires, dont l’une conserve intacte ses panneaux en marbre.
Le théâtre grec
Une cavité située au sud-est du site abrite le théâtre de la cité. Le mauvais état actuel du théâtre fut causé au XIXe siècle par l’utilisation du site comme carrière. Le théâtre fut alors une source de choix pour les constructions des alentours. Les voyageurs du XIXe siècle décrivent en effet un théâtre en meilleur état. La largeur maximum de l’ensemble est de 55 mètres et de 18 mètres pour l’orchestra. La partie fouillée indique que les gradins étaient faits de sièges taillés dans la pierre6.
Le mur d’enceinte et l’habitat dispersé
La muraille entourant Aptera, longue de 3 480 mètres, entoure toute la zone plane de la colline sur laquelle la cité fut construite. Ce mur fut élevé dans la seconde moitié du IVe siècle6, mais on note une différence de finition en divers endroits de la muraille : ainsi une attention plus grande a été portée aux parties ouest et sud- ouest, selon le système pseudo-isodome qui est un genre de maçonnerie adopté par les architectes grecs, dans lequel toutes les pierres étaient taillées et équarries à la même hauteur, de telle sorte que, quand on les plaçait, les assises étaient toutes régulières et égales. De simples pierres ont été parfois utilisées dans les parties sud et est, là où la construction du mur n’a pas été la plus soignée. Sur les murs est et nord, le mur est composé de pierres octogonales, et ressemble à un mur cyclopéen, ce qui explique pourquoi on a longtemps cru que ces murailles, d’une hauteur de près de 4 mètres et d’une épaisseur de 2 mètres environ, étaient beaucoup plus anciennes. La protection assurée par ces murailles était renforcée par des tours de fortification, surtout sur le mur ouest, le plus facile d’accès et donc le plus dur à défendre. L’une d’entre elles a été identifiée sur le mur ouest : elle est de plan rectangulaire, et un effort particulier a été porté à la taille de ces pierres et à la qualité de ses joints afin d’assurer la meilleure résistance possible. Toujours sur le mur ouest, la porte principale de la ville a été identifiée. Une autre porte, appelée sideroporti (« porte de fer ») a été identifiée sur la partie nord des murailles et devait mener vers le port de Kissamos. Une troisième porte, au sud-est, devait mener vers la vallée.
Le monastère d’Agios Ioannis – St Jean le Théologien
Fondé vers 1182 et dédié à Saint Jean le Théologien, ce monastère se dresse au centre de l’ancienne cité. Propriété du monastère Saint-Jean-le- Théologien de Patmos, il garde un statut de métochion jusqu’en 1964, date à laquelle il cesse d’être occupé. Georges Perrot utilise même le terme de métairie pour décrire le monastère. Richard Pococke nous indique que, lors de son passage, il a pu voir un monastère en ruines au milieu de l’ancienne cité, qui pourrait donc être celui-ci. Pourtant Pashley se rend au monastère au siècle suivant. Il nous apprend, lors de son passage en 1833, que les moines possèdent les champs d’oliviers entourant l’édifice, mais que ceux-ci étaient abandonnés depuis le début des combats liés à la guerre d’indépendance grecque en 1822. Pour Spratt, les moines sont aidés dans leur tâche par des paysans des environs. Il rapporte également les difficultés des religieux à faire face aux vols commis par les habitants de l’Apokóronas ou de Sfakiá qui dérobent bétail et blé. Les moines fournissent à Pashley des pièces de monnaie retrouvées dans la terre autour du monastère, qui lui permettent de faire la relation entre les ruines et la cité d’Aptera. Les voyageurs mentionnent la présence de mosaïques à l’emplacement de l’actuelle chapelle du monastère. Elles seraient la preuve de l’existence d’une basilique chrétienne plus ancienne. Le monastère, désormais abandonné par les moines, abrite les équipes d’archéologues qui travaillent sur le site. Une des salles accueille également une exposition sur l’histoire, l’architecture et les fouilles entreprises sur le site.
La citadelle Ottomane
À l’extrémité nord-est de l’espace décrit par les murailles, s’élève une forteresse, construite une première fois par les Vénitiens au XVIe siècle, avant d’être détruite par des pirates en 1583. Les ruines sont encore visibles lors du passage de Spratt dans les années 1850, qui, bien qu’il reconnaisse les restes d’une ancienne forteresse, pense qu’elles sont d’époque romaine ou médiévale. La forteresse est restaurée par les Ottomans en 1866-1867, lors de la révolte crétoise de 1866-1869 et porte le nom de Koules (du turc, la Tour/le Fort, nom de plusieurs forteresses crétoises). Sa construction se fit en partie grâce aux matériaux récupérés dans les ruines de la cité antique. Lors de son passage en Crète au XVIIIe siècle, Richard Pococke décrit les ruines d’une tour semi-circulaire qui défendait probablement le passage. Le bâtiment est de forme plutôt rectangulaire : de 35 mètres de long sur 25 mètres de large flanqué de deux tours sur sa façade méridionale. La façade nord décrit un arc de cercle. La forteresse domine toute la baie de Souda et la vallée de l’Apokóronas en direction de Kalyvès et de Vámos. Elle domine également la forteresse d’Itzedin, construite par les Ottomans en 1872, juste en contrebas du premier fort. Le fort fait désormais partie d’un programme de reconstruction mené par le ministère de la Culture grec.
Pour dire la vérité, je suis injuste avec cette ville de Chrania (La Canée en Français). C’est une belle et grande ville antique et touristique. J’ai aimé déambuler dans ses rues piétonnes comme j’ai aimé déambuler dans celles d’Héraklion.
Il y a même un site archéologique minoen en plein centre qui pourrait faire l’objet d’un article à lui tout seul. Je m’en dispense et je vous en sauvegarde.
Je vous livre néanmoins rapidement quelques prises de vues sans commentaires.
Un peu de patience pour les vidéos, il faut leur laisser le temps de se télécharger.
Et je vais me coucher. La journée a été bien chargée.
La tombe de Kamilari tholos est située sur une basse colline près de la mer et à 1,9 kilomètre au sud-ouest d’Ayia Triada et donc aussi très proche de Phaistos. La tombe de Kamilari était la plus grande et la mieux conservée des trois tombes de tholos trouvées dans la région lorsque l’école italienne a effectué des fouilles dans la région à la fin des années 1950.
La tombe a été construite en MM IB (période protopalatiale -1900 -1700) et a continué à être utilisée tout au long du MM II jusqu’au début de la période néopalatiale MM III (période néopalatiale -1700 -1450). En effet, il y a plus de matériel provenant du MM III que de toute autre période dans la tombe. Il a également été utilisé pendant un temps pendant LM I, puis à nouveau dans LM II, LM IIIAI et LM IIIA2, (période postpalatiale -1450 -1200) lorsque l’on pensait que les Mycéniens avaient occupé l’île, après quoi le tholos a finalement été abandonné.
La date protopalatiale (-1900 -1700) de sa construction est une date très tardive pour la construction de tombes de tholos dans cette partie du sud de la Crète. La plupart d’entre eux ont été construits pendant la période prépalatiale (-2700 -1900). Andrea Vianello écrivant en 2000, a avancé quelques théories intéressantes, suggérant que la construction d’une si grande tombe de tholos à la période minoenne moyenne aurait pu être un défi pour l’élite, maintenant basée dans les premiers palais, formulé par un clan encore enraciné dans la tradition des tombes tholos minoens du début, qui, selon lui, ont été utilisées par cette élite pour démontrer leur richesse et leur pouvoir.
Il soutient en outre que son utilisation continue jusqu’à la fin de la période du Premier Palais signifiait que l’élite du Palais n’était pas en mesure de surmonter complètement le pouvoir des anciennes élites agricoles dans la région de Messara dans le sud de la Crète. La tombe n’a ensuite plus été utilisée pour l’êter à nouveau à l’époque où une présence mycénienne sur l’île. Les Mycéniens utilisaient traditionnellement les tombes de tholos pour l’enterrement, mais ils défiaient également l’élite de la Crète minoenne, l’élite des palais.
Le complexe funéraire
Le sol a été nivelé avant que les fondations de la tombe ne soient posées. Le diamètre interne de la tombe de tholos est de 7,65 mètres et les murs s’élèvent encore à une hauteur de deux mètres par endroits. La tombe n’a pas d’entrée trilitho (simple trois pierres) mais une entrée construite, avec une grande pierre d’encape, qui est très bien conservée.
À l’est de la tombe se trouve une annexe de cinq pièces. La salle alpha, qui entoure l’entrée de la tombe et servait d’antichambre, était reliée aux salles bêta et gamma par un court couloir. Au sud, il y avait deux pièces séparées, delta et epsilon, construites contre la roche. Au nord des cinq pièces de l’annexe, il y avait une zone pavée appelée « recinto delle offerte » par les archéologues italiennes. L’annexe a probablement été ajoutée peu de temps après la construction de la tombe puisque les trois zones – la tombe de tholos, l’annexe et la zone ouverte contenaient toutes de grandes quantités de poterie MM II (période protopalatiale -1900 -1700).
Les artefacts
L’archéologue a mentionné avoir trouvé 500 vases de différents types et 500 tasses coniques à l’intérieur du complexe funéraire. Cependant, les travaux récents de reconstruction de fragments de poterie de la tombe ont maintenant porté ce total à 2500, dont 800 étaient des coupes coniques. Il semble que ces tasses sans poignée se répartissent en deux groupes distincts datant respectivement de MM IIIA et MM IIIB. De la période MM IIIA, 400 gobelets ont été identifiés. Quatre styles de décoration de base ont été utilisés sur ces tasses et comme les quatre mêmes ont également été utilisés sur des bocaux à bec de pont, il semblerait que les tasses et les cruches formaient des ensembles distincts.
D’autres types de tasses et de pots avec une décoration distinctement différente de la période MM IIIA qui ont été trouvés dans la tombe ont été attribués à MM IIIB.
Sur la base de ces découvertes et de leur emplacement dans le complexe, des recherches récentes suggèrent que la chambre de tholos était la zone principale pour l’inhumation tandis que les salles beta et delta de l’annexe étaient utilisées pour les sépultures secondaires. Les salles alpha et gamma et le couloir de connexion ont été utilisées pour le placement de l’équipement rituel.
Modèles en argile trouvés
Les découvertes les plus intéressantes de Kamilari datent des sépultures du LM IIIA, les dernières à y être effectuées. Parmi les découvertes se trouvait trois modèles en argile représentant diverses scènes. Une scène montre un banquet offert aux morts. La nature religieuse de l’événement est évidente dans les cornes de consécration et les colombes qui ont été attachées au modèle d’argile. La deuxième scène montre deux personnes debout devant quatre personnes assises. Il est possible que ces deux-là fassent des offrandes aux morts.
La scène finale est celle d’un groupe de danseurs, dansant d’une manière très similaire aux danses grecques traditionnelles encore visibles sur l’île. Ces trouvailles sont exposées au musée Héraklion
Il y a eu beaucoup de discussions parmi les archéologues quant à savoir si les tombes de tholos du sud de la Crète avaient des toits en pierre entièrement voûtés ou si elles n’étaient que partiellement voûtées et étaient ensuite recouvertes de bois ou de roseaux. La quantité de pierre trouvées effondrées dans la tombe a conduit les archéologues à conclure que la tombe avait été complètement voûtée. Une grande pierre a également été découverte à l’extérieur de la zone de la tombe et les archéologues ont suggéré que cela aurait pu être la clé de voûte qui a scellé le sommet de la tombe et qu’elle avait été enlevée par des pillards cherchant à accéder à la tombe. Tout cela semblait suggérer aux archéologues d’origine que la tombe de Kamilari, au moins, était complètement voûtée.
Cette interprétation a par la suite été remise en question. Tout d’abord, il n’a pas été trouvé assez de pierres effondrées à l’intérieur de la tombe pour expliquer un toit entièrement voûté. (Bien qu’il ne soit pas impossible pour les villageois locaux d’enlever des pierres du site pour les utiliser dans des travaux de construction ailleurs, comme cela s’est produit avec d’autres tombes de tholos). De plus, il n’y avait aucun moyen d’établir que la grande pierre trouvée à l’extérieur de la tombe était vraiment une clé de voûte. Beaucoup plus probable, a-t-on fait valoir, était un toit partiellement voûté avec un revêtement en bois ou en roseau qui pouvait être enlevé pour fumiger périodiquement la tombe. Il a même été suggéré que la tombe partiellement voûtée a été laissée complètement ouverte aux éléments du sommet. Des dalles de pierre qui sortent du côté du mur extérieur de la tombe à des intervalles réguliers peuvent avoir été utilisées par ceux qui sont chargés d’enlever le revêtement en bois afin de permettre la fumigation. Bien que leur but exact ne puisse pas être indiqué avec certitude, ils ont certainement été mis là dans un but étant donné qu’ils ne sont pas inclus de manière aléatoire dans les murs extérieurs.
Qui été inhumés là
Bien qu’autrefois considéré comme liés à Phaistos, il semble maintenant probable que les tombes de Kamilari aient été utilisées par un habitat dans la région. Contrairement à d’autres tombes de la région de Mesara, il n’y a pas eu de passage de l’enterrement communautaire à l’enterrement dans les pithoi ou les larnakes. Il ne semble pas non plus y avoir d’inhumations prétentieuses de personnes de haut rang. Cela suggère-t-il une approche plus égalitaire de la part de la communauté utilisant cette tombe ? Les habitats de cette région étaient-ils organisés en grands groupes familiaux de sorte que le rang n’aurait pas été important dans les coutumes funéraires ? Ou bien, l’accent mis sur la communauté visible dans les sépultures communautaires était-il une tentative, comme certains le soutiennent, de cacher les différences très réelles de statut et de rang qui existaient même dans ces petites communautés ?
Il y a maintenant un courant d’opinion qui soutient qu’après la destruction du premier palais de Phaistos -1700, il y a eu une sorte de crise liée à l’échec des plans pour le remplacer par un nouveau palais en MM III et à un changement de pouvoir de Phaistos à Ayia Triada. L’affaiblissement du pouvoir de Phaistos aurait alors pu permettre aux petites communautés comme celle de Kamilari de devenir plus autonomes et la fragmentation politique aurait pu expliquer l’échec du développement de nouvelles pratiques funéraires comme cela a été fait ailleurs.
Palamaki tholos – la visite
L’étrange pierre gravée
Après la visite du Tholos, comme à mon habitude je parcours le site. Incidemment je découvre une pierre gravée en ce que je pense être du linéaire A.
On distingue bien le trait vertical et le trait horizontal pour séparer les caractères. Sur la gauche un petit homme les bras levés gravé. On pourrait distinguer d’autres caractères. C’est pour moi un moment d’émotion.
Apodoulou et la Crète des premiers palais Louis Godart
La Crète évoque l’image d’un grand navire ancré dans les eaux de la Méditerranée orientale. À mi-chemin entre les côtes d’Europe, d’Asie et d’Afrique, l’île était appelée, par sa simple position géographique, à jouer un rôle de premier plan dans l’histoire. Et il en fut bien ainsi. Vers la fin du septième millénaire (-6000) avant notre ère, les premiers hommes s’installent en Crète. Ils seront rejoints au cours des temps par d’autres colons provenant en grande partie de l’archipel égéen. Au début du troisième millénaire avant notre ère, aux alentours de 2800, des populations originaires des côtes nord occidentales de l’Anatolie envahissent l’île de Crète. Ces gens dans lesquels tous, aujourd’hui, s’accordent à reconnaître les Minoens, vont s’installer au cœur des vastes plaines de l’île et donner naissance à l’une des plus brillantes civilisations de l’histoire : la civilisation minoenne. Exploitant les ressources abondantes d’un sol extrêmement fertile, les Minoens vont disposer rapidement d’un excédent de production. Tout naturellement, ils vont chercher à exporter leurs produits vers les pays étrangers et à les échanger contre les matières premières dont le sol de la Crète est avare.
Le développement du commerce minoen
C’est ainsi qu’en fréquentant les comptoirs de la côte syropalestinienne, du Nord-Est de l’Égée et du delta du Nil, ils vont se procurer les minerais, en particulier l’or, le cuivre, l’étain, l’argent, qui leur faisaient cruellement défaut et étaient essentiels à leur artisanat. Les agriculteurs et les artisans minoens sont regroupés au sein de petites communautés éparpillées sur tout le territoire crétois. Mais voilà qu’à partir de 2300 avant notre ère, grâce au développement du commerce, commencent à émerger certains groupes au sein des communautés rurales crétoises. Vers 2100 apparaissent, aussi bien dans l’est que dans le centre et dans l’ouest de l’île, de vastes constructions rassemblant un certain nombre de fonctions. Une fonction économique tout d’abord. Ces constructions sont dotées de magasins servant à accueillir les biens et les denrées produits dans les campagnes environnantes. Ces biens et ces denrées sont stockés dans les magasins avant d’être redistribués à celles et à ceux qui travaillent pour le compte du maître des lieux.
Une fonction politique ensuite. Il apparaît que le responsable de ces constructions exerce une autorité sur le peuple des campagnes. Une fonction administrative enfin. Il importe de contrôler les mouvements dont les magasins de ces vastes ensembles architecturaux sont le théâtre. Or la mémoire, qui était amplement suffisante pour gérer les biens des communautés rurales du début du troisième millénaire avant notre ère, ne peut plus suffire à rendre compte des opérations liées aux entrées et aux sorties de produits des magasins. Voilà donc qu’apparaît la nécessité d’inventer un système de comptabilité qui consentira de transmettre dans l’espace et dans le temps des messages qui pourront être compris par diverses personnes. C’est pour ces raisons que les Minoens inventent l’écriture dans la Crète de la fin du troisième millénaire avant notre ère. Les vastes constructions qui surgissent au sein des régions les plus fertiles de la Crète sont appelées conventionnellement « palais ». C’est sous l’impulsion des maîtres de ces palais que la civilisation crétoise, minoenne tout d’abord (jusqu’en 1450), mycénienne ensuite (de 1450 à 1200), va s’imposer dans le bassin oriental de la Méditerranée.
D’importantes découvertes archéologiques
Arthur Evans, le fouilleur de Cnossos, est un des premiers archéologues à avoir travaillé en Crète. En 1900, il entreprenait la fouille du palais de Minos et encourageait une série d’explorations dans la Crète orientale. Pendant longtemps et plus précisément jusqu’en 1964, la plupart des archéologues et des historiens demeurèrent persuadés que l’occupation minoenne s’était concentrée sur les territoires de l’est crétois. Beaucoup pensaient que l’ouest de l’île, avec ses hautes montagnes et ses vallées encaissées, était demeuré imperméable à la pénétration minoenne. Yannis Tzedakis, directeur général des antiquités de Grèce, responsable de la mission archéologique pour la partie grecque, et moi même n’avons jamais cru à cette hypothèse. Comment penser que des hommes qui avaient affronté les périls de l’Égée, une mer difficile pour les marins, aient pu être découragés et repoussés par des montagnes aux sommets somme toute modestes, comme le Psiloritis avec ses 2 456 mètres ou les Montagnes Blanches avec leurs 2 452 mètres et aient omis de coloniser les vastes plaines de l’ouest crétois ? C’est pour cette raison que nous avons entrepris une série de fouilles dans les terres situées à l’ouest du mont Ida. Les recherches ont été couronnées de succès et dans un des livres que nous avons consacrés à la Crète occidentale – Témoignages archéologiques et épigraphiques en Crète occidentale du néolithique au Minoen récent III B (de 6000 à 1200 avant notre ère), Rome 1992 – nous commentons une cinquantaine de fouilles exceptionnelles menées sur des sites de l’ouest de la Crète. En 1982, nous nous sommes interrogés sur les voies de communication qui reliaient le sud et le nord de la Crète. À l’ouest du Psiloritis, on ne compte guère que deux voies de communication permettant de traverser sans trop de peine les montagnes qui constituent l’épine dorsale de l’île. L’une de ces routes passe par la vallée d’Amari. Il était tentant d’entreprendre une série d’explorations dans cette vallée perdue et de chercher les traces d’éventuels établissements de l’époque minoenne.
Sur la colline de Gournes, au sud du petit village d’Apodoulou, nous avons ainsi localisé une série de murs qui affleuraient du sol. En surface on pouvait ramasser de grandes quantités de tessons d’époque minoenne. Il valait la peine d’ouvrir des sondages en cet endroit. Ce que nous fîmes à partir de 1985. C’est ainsi que nous avons mis au jour de vastes structures architecturales remontant à la fin du troisième et au début du second millénaire avant notre ère. Depuis lors, nous continuons cette fouille qui d’année en année nous livre des témoignages essentiels nous permettant de reconstruire l’histoire de la Crète des premiers palais et le cadre de vie des Minoens d’alors.
Apodoulou : un précieux témoignage de la civilisation minoenne
Les ressources des habitants d’alors dépendaient essentiellement de la culture de l’olivier. Nous avons retrouvé dans les magasins du palais d’Apodoulou des centaines de grands vases qui servaient au stockage de milliers de litres d’huile d’olive. Nul doute que la production annuelle d’huile était de loin supérieure aux besoins des hommes et des femmes d’Apodoulou et qu’une partie importante de l’huile d’olive produite sur le territoire contrôlé par le palais était destinée à être exportée vers d’autres endroits de Crète ou ailleurs encore. Nous avons découvert dans les couches de -1800 avant notre ère des sceaux en pierre précieuse qui étaient utilisés par les administrateurs locaux pour les opérations comptables liées aux va et vient dont leurs magasins étaient le théâtre. De même nous avons pu établir, lors de la fouille de 1994, que des sceaux identiques à certains sceaux découverts à Phaistos ont été utilisés pour estampiller des poids et des mesures utilisés dans le palais d’Apodoulou. Cette découverte importante témoigne des rapports administratifs et commerciaux existant au début du second millénaire avant notre ère entre les grands sites palatiaux de la Crète minoenne. Entre la fin du XIXe (-1810) et le début du XVIIIe (1790)siècle avant notre ère, le site d’Apodoulou fut détruit par un violent tremblement de terre. Les constructions s’effondrèrent et un incendie de proportions gigantesques contribua à anéantir à jamais ce que les hommes avaient construit sur la colline. Il est probable que les foyers et les lampes à huile qui étaient allumées à l’intérieur des bâtiments ont enflammé les poutres de bois, les tissus et les meubles que contenaient les édifices. On a découvert en plusieurs endroits du site des vases en terre cuite déposés sur les foyers et dans lesquels mijotaient, au moment de la catastrophe, les plats que se préparaient à consommer les Minoens d’Apodoulou.
Un chantier encore inexploré
Jusqu’ici nous avons fouillé une petite partie seulement de l’ensemble palatial qui s’étend sur plus d’un hectare. Il est passionnant de voir surgir de terre, pour la première fois depuis près de 4000 ans, des vases et des objets abandonnés par ces lointains ancêtres de l’Europe que furent les Minoens. Mais notre mission archéologique ne s’est pas contentée de fouiller le palais d’Apodoulou. Nous avons profité des rapports très amicaux que nous entretenons avec les habitants de la vallée d’Amari pour nous faire indiquer d’autres sites à fouiller dans les environs d’Apodoulou. C’est ainsi que nous avons pu localiser une série de tombes de l’époque mycénienne sur les flancs d’une colline située au sud de l’établissement minoen.
Des tombes du XIIIe siècle avant notre ère
À ce jour nous avons fouillé six tombes encore intactes. Ce sont des tombes à voûte construites au début du XIIIe siècle avant notre ère et abandonnées vers 1200. Il pourrait s’agir de sépultures de guerriers ayant participé à la guerre de Troie. Le mobilier funéraire que contenaient ces monuments est conservé au musée de Rethymnon et on peut l’admirer lors de la visite de cet édifice admirable construit à l’époque vénitienne. Durant l’été 95, outre le palais d’Apodoulou, nous avons fouillé également un sanctuaire situé aux abords du village de Haghios loannis. Un paysan de l’endroit nous a indiqué ce site en 1992 et nous y avons entrepris des recherches à partir de 1993. Nous avons découvert sur un éperon rocheux qui domine une vallée encaissée les restes impressionnants d’un sanctuaire qui fut utilisé durant plus de 1000 ans par les habitants du lieu. En effet les objets les plus anciens que nous avons mis au jour à Haghios loannis sont des statuettes en terre cuite d’orants aux bras levés qui remontent au XIIe siècle avant notre ère et les trouvailles les plus récentes (des vases et une admirable statuette de truie en argile) sont contemporaines de la période hellénistique (IIIe et IIe siècles avant notre ère). Nous avons de bonnes raisons d’imaginer que le sanctuaire en question, à l’époque historique du moins, était dédié à Déméter. Il est possible que ce culte qui se perd dans la nuit des temps remonte effectivement au second millénaire avant notre ère et que nous ayons là le premier grand témoignage d’un édifice religieux utilisé pour y célébrer les cérémonies en l’honneur de cette grande divinité du panthéon grec.
Apodoulou – la visite
Autant vous dire que sur le terrain je n’ai pas reconnu ce qui paraît évident sur le plan. Cela avait-il d’ailleurs de l’intérêt ?