Bonjour à toutes et à tous,
Comme chaque jour d’été, à Héraklion il fait un temps splendide.
Il me reste tant de choses à écrire.
Voilà un article plus technique.
Cependant : ayez conscience.
Au delà de ces considérations pratiques, ou nonobstant, en rien les conditions décrites ci-après ne fracturent la recherche, la poésie et la spiritualité qui m’ont accompagné. Parce que par delà de ces conditions, cette relation authentique et parfois rude avec un territoire et ses habitants – que j’ai vécue – est première et fondamentale.
Je profite de cette dernière journée à Héraklion dans le confort de ma chambre pour rédiger « à chaud » ces notes de voyage. Peut-être devrais-je attendre quelques peu pour cette rédaction, mais je préfère le faire ainsi :
– j’ai du temps,
– plus tard de retour dans mes pénates, de par les activités qui reprendront, je ne trouverai sans doute ni le temps ni le courage de le faire, ne jugeant pas cela indispensable,
– les impressions et les sentiments ne sont pas encore émoussés : ma rédaction n’en sera que plus vive.
Je rédigerai cette note par thème.
Bien que le blog soit public, je ne vais pas forcément écrire des choses agréables. J’en prends la responsabilité. Il convient au lecteur de considérer que ce sont des marges de progrès. Toutefois je le ferai avec un maximum de bienveillance mais sans compromission.
Il faut aussi prendre en compte que ce qui suit ne sont jamais seulement que les opinions écrites d’un voyageur solitaire. Ce qui ne leur confère aucune quelconque autorité.
Le voyage aller
Même si ce fut un peu long – 5 jours – un peu cher – 5 fois le prix d’un vol – je ne regrette pas mon choix pour rejoindre la Crète.
J’ai toujours considéré :
– le déplacement fait parti du voyage,
– une approche lente et progressive consacre une intériorisation mentale et spirituelle de l’objectif.
La Crète c’est en Europe
Alors tout devient facile ; plus facile que dans les pays du Proche-Orient ou en Egypte.
C’est la même monnaie : pas de gymnastique mentale pour l’échelle des valeurs. Nonobstant quand on retire de l’argent aux distributeurs selon les banques il peut y avoir tout même des frais de 3 à 1 €.
Pour le téléphone et internet, l’abonnement français fonctionne sans frais supplémentaire. Les débits internet autorisés sont pratiquement identiques : pour mon abonnement j’ai 170 MO en France qui se réduit à 100 MO en Crète, ce qui est largement suffisant. De toutes façon j’utilisais autant que possible le réseau wifi de l’hébergement. Je basculais sur le réseau de mon téléphone, quand le wifi de l’hébergement était trop faible et donc trop lent.
Je prête toujours beaucoup d’attention à la connexion wifi pour la gestion de mon blog : c’est important pour la rédaction, le chargement des photos, la publication et l’expédition de mes articles.
Pour l’Europe, un bémol cependant.
J’avais pris pour 2,5 mois de médicaments nécessaires à mes pathologies. Or je suis resté 3 mois. En fin de séjour j’ai donc dû me réapprovisionner. Je suis donc allé en pharmacie. Pour le règlement j’ai présenté ma carte européenne d’assurance maladie avec mon ordonnance française. Les médicaments m’ont bien été délivrés, mais ma carte européenne d’assurance maladie a été refusée. Le pharmacien m’a expliqué qu’il me fallait une ordonnance grecque pour qu’il accepte la carte européenne d’assurance maladie. Il m’a donc invité à aller voir un médecin et de revenir avec l’ordonnance. Ce que je n’ai pas fait bien sûr : j’avais d’autres choses à faire. En fait la carte européenne d’assurance maladie est surtout importante, et alors acceptée, en cas d’hospitalisation.
Un projet percutés par les dures réalités
Le projet initial était de visiter tous les sites archéologiques repérés en les rejoignant à pieds, en mode autonome et bivouac à la clef.
Quel ambition !!! Quelle prétention !!!
Le début a bien commencé, j’ai relié ainsi Cnossos à Archanes. Et à Archanes les sites archéo ont été visités à pied. Mais déjà à Acharnes, il n’était plus question de bivouac autonome. J’ai logé dans un hébergement que j’avais réservé.
Le projet de rejoindre les différents sites à pied s’est vite révélé un projet trop difficile :
– les distances étaient trop grandes, rejoindre ainsi tous les sites : impossible même en 3 mois,
– l’état physique de mon âge 74 ans avec un sac de 17 kg (ce qui n’est pas énorme) ne m’autorisait plus un tel périple. Je l’ai bien senti.
Restait que mon objectif, qui le demeurera obstinément pendant les 3 mois de mon séjour en Crète, était de visiter tous les sites archéo repérés.
Il fallait donc envisager une logistique adaptée :
– rejoindre des villes « camp de base » en bus,
– y loger plusieurs jours,
– rayonner alentour sur les sites archéo,
– et pour cela louer un moyen de transport. Je choisissait selon l’offre de la ville « camp de base » : quad, vtt électrique, scooter.
Je n’ai jamais envisagé la location d’une voiture. Le voyage devait rester un peu sportif tout de même.
C’est majoritairement le scoot que j’ai employé. Je prenais des scoot de 125 cc ( les 50 cc étant insuffisants). Il m’est arrivé de faire 200 km dans une journée. Heureusement, j’avait le permis moto sans quoi les 125 cc ne m’auraient pas été accessibles. Les loueurs vérifiaient bien cette donnée.
Avec le quad, le vtt ou le scoot, je rejoignais le point où je commençais à marcher.
Dans l’hébergement « de base » je laissait le gros sac à dos. Je partais avec le petit sac à dos léger. Il reste que j’ai souvent atteint ainsi les sites archéo par des marches d’approche plus ou moins longues. J’ai donc beaucoup randonné. Dans le petit sac à dos j’emportais principalement de l’eau, ma tablette pour les données, la paire de jumelles ; aucune alimentation. Il m’est arrivé de partir directement de l’hébergement « de base ».
Par ces dispositions je pense avoir atteint mon objectif de visiter les sites archéo repérés. Pour cela j’ai sacrifié toutes les randonnées dans les gorges et l’ascensions des sommets comme le Psiloritis, le Dikté et la Montagne Blanche. C’eût été un autre projet. On peut rétorquer que j’aurais pu panacher, sacrifiant quelques sites archéologiques : tel ne fut pas ma détermination.
Tout l’équipement de bivouac me fut donc inutile. J’avais d’ailleurs déjà abandonné la tente individuelle à mon hôtel du Pirée, conscient que mon sac était trop lourd.
Les transports
Les grands bus
De grandes compagnies de bus sillonnent le pays. Ce sont de grands bus pour les grandes distances. C’est un moyen de transport que j’ai beaucoup utilisé : la compagnie principale est KTEA (ou KTEL Bus)
Les hébergements
La qualité des hébergements provient essentiellement du prix que l’on y consacre (quelle lapalissade !). À partir de 50 € la nuit on trouve d’excellents établissements. J’ai réservé au fur et à mesure de mon voyage par les grands sites internet dédiés et notamment : Booking.com. En général je restais une dizaine de jours, pour rayonner à partir de là.
L’alimentation
L’alimentation ne fut pas un point fort de ce voyage. J’ai toujours privilégié les restaurants populaires. J’ai donc mangé un peu toujours la même chose. À la fin du séjour l’abus de cuisine de restaurant me provoquait des problèmes de transit. J’ai privilégié les repas « maison » que je me cuisinais dans les hébergements avec des approvisionnements en supermarché, avec riz, pâtes, gros haricots blancs, sandwiches et tout le nécessaire pour le petit-déjeuner. Ce fut aussi plus économique.
Bon mais je me suis surtout régalé avec la salade grecque et la bière :
Tourisme de masse ou tourisme individuel ?
La Crète s’est aussi organisée pour un tourisme de masse, celui qui produit le meilleur rapport bien sûr. Visiter la Crète avec un tour opérateur est peut-être in fine une bonne solution. Pas de problème de contingence et de logistique. Et la visite des lieux les plus emblématiques est assurée.
Pour un voyage « à la main », solitaire, tout devient plus compliqué. Il faut bien sûr prévoir sa logistique et l’organiser : hébergement, restauration, transport. Pour qui aime un peu sortir des sentiers rabattus du tourisme de masse, c’est l’option. En Crète cette option est très possible. Mais il faut quand même une bonne dose de volonté, de courage, d’obstination, d’abnégation, de compréhension, d’altruisme, d’empathie. Et le résultat n’est pas toujours au niveau du résultat escompté. Souvent pourtant la joie du succès est au bout du chemin et avec le bonheur de se retrouver sur l’objectif désert, au bon moment, et survient. …. un moment de grâce.
Le peuple de Crète
C’est un peuple libre.
Contrairement aux pays du Moyen-Orient et de l’Egypte, j’ai ressenti un grand air de liberté en Crète. Bien que la religion Orthodoxe soit très présente en Crète, je n’y ai pas ressenti le poids des pratiques religieuses. À la grande différence des pays Musulmans où l’on sent très nettement l’emprise des pratiques de l’Islam.
Par exemple (et c’est pas forcément un bon exemple) les Crétois portent très peu un casque en deux roues ; il n’y a pas de pression policière ; il y a des éoliennes modernes partout sur les arêtes ventées.
Sauf les dames agées crétoises authentiques qui sont toujours de noir vêtues dans les villages intérieurs, les tenues vestimentaires des femmes sont bariolés, très variables et toujours très affriolantes.
Ainsi elles portent des body qui enserrent leur seins et laisse voir leur ventre ; des décolletés très suggestifs sur leurs seins rebondis, des robes fourreau dessinant leur silhouette sans ambiguïté, des robes fendues jusqu’à la hanche, des shorts de toutes les longueurs et parfois vraiment très court, large ou très serrés. Qu’elles soient belles, grosses, petites, maigres, moches elle assument et rien ne les arrête dans leur liberté vestimentaire.
Pour les hommes c’est plus classique : short corsaire, débardeur.
Ainsi le Crétois sont-ils aujourd’hui encore des Minoens.
L’accueil
Accueil ne signifie pas hospitalité. Bien sûr il y a des gens accueillant et formidables partout. Toutefois quand on voyage seul on a besoin des autres. On est très sensible à la façon dont les gens vous accueillent : cela passe par le regard, l’attitude, une forme de corps, un sourire qui ne soit pas de façade ou commercial, la façon de prendre en compte une question et d’y répondre, la façon de recevoir un client.
Je n’aime pas fréquenter les établissements et les quartiers chics. Je préfère le « street breakfeast included » et les restaurants dans les quartiers populaires. C’est sûr que du coup l’accueil devient beaucoup plus basic.
Comment accueillons-nous l’étranger ?
Quand est-il maintenant en Crète ?
Le Crétois sont gentils.
Comme partout ailleurs l’accueil est chaleureux et pas au-delà. Je n’ai pas bénéficié de l’hospitalité crétoise comme le décrit Nikos Kazantzaki dans son ouvrage « Lettre au Gréco ». Il est vrai que c’était une autre époque et qu’il était Crétois. Les contacts ne sont pas allés au-delà des formules de politesse et de l’expression de besoins pour la restauration et l’hébergement.
Il reste que pour la Crète, son histoire pluri-millénaire et ses plages de rêve produisent la manne touristique.
La sécurité et la propreté
Fondamentalement la Crète est un pays sûr. On peut laisser ses affaires en toutes sécurité partout. À titre d’exemple : à la location d’un scoot à Héraklion, le siège ne se fermait pas laissant la possibilité à quiconque d’accéder au petit coffre sous l’assise. Comme je le faisais remarquer à mon loueur, il a rétorqué : « Aucun souci, il n’y a pas de voleurs en Crète ». Pour ma propre sécurité j’ai quand même souhaité changer de scoot.
En aucune circonstance, de jour comme de nuit, seul, je ne me suis senti en insécurité.
La propreté n’est pas vraiment au rdv en Crète. Il y a souvent des ordures qui traînent et notamment en bord des routes, mais pas que. Y compris dans les sites archéologiques les plus prestigieux. Et le plastique est partout surtout les bouteilles d’eau. Les Crétois n’emportent pas leur sacs à provisions pour faire leur courses, il y vont « les mains vides» et en reviennent les bras chargés de gros sac en plastiques.
Que dommage ! Quelle tristesse pour ce pays magnifique !
Les paysages, les baignades et le vent
Le vent, vous l’avez entendu dans mes enregistrements et vidéos.
La Crète est le pays du vent et des chèvres. C’est le Meltem, ce vent du Nord. Il est quelque fois très fort surtout sur les sommets. Que ce soit sur la côte Nord qu’il balaye et sur la côte Sud sur laquelle il déferle après avoir franchi la barrière des montagnes et en avoir dévalé les pentes à toute allure. Ainsi la mer Égée et la mer de Lybie ne sont pas souvent calmes. Le Meltem y soulève une mer formée, avec des moutons. Fréquemment je me suis interrogé sur le courage et les compétences de navigateurs de ces marins Minoens. Ils s’engageaient sur leurs esquif pour leurs navigations commerciales. Les Minoens établirent une thalassocratie dont la richesse provenait des échanges commerciaux à travers les mers Egée vers les Cyclades, la Grèce Continentale, Chypre et les Côtes Anatoliennes et la mer de Lybie vers l’Egypte.
Les paysages et les fragrances
La Crète est une montagne surgissant des flots. Il en résulte des paysages contrastés. Ce n’est pas un grand pays, c’est pourquoi il est facile de le parcourir. Les routes sont souvent sinueuses avec de nombreuses épingles à cheveux dans l’intérieur des terres et sur les côtes comme le sont les routes de montagne. Les paysages sont à la fois rudes, minéral, et léchés du fait les cultures d’oliveraies en terrasse. J’ai été très frappé par la beauté et la rudesse mêlée, comme par l’authenticité, de ces paysages.
Sur les sentiers, en campagne, il y a toujours ces fragrances de pin, de menthe et des différentes essences du maquis et le chant des cigales.
Les baignades
Très rares furent les occasions où j’avais emporté serviette et maillot de bain. Souvent je n’avais rien. Alors en plage déserte je baignais dans l’eau cristalline nu ou selon le contraire en slip. Puis je renfilais encore tout mouillé pantalon et chemise que le vent du scoot et le soleil avaient tôt fait de sécher.
Les tessons
Le matériel embarqué
La tenue vestimentaire de base :
– 2 chemises
– 2 shorts
– 2 slips
– 2 paires de chaussettes de rando
pour 3 mois,
avec lesquels il fallait jongler pour rester propre par des lessives souvent pratiquées dans les éviers ou les lavabos, avec le gel douche.
L’inutile
– tous le matériel de bivouac
– la tente
– le matelas mousse
– le sac de couchage
– le stick lèvre
– la batterie externe
Ce qui m’a été le plus utile, indispensable
– les lunettes de soleil
– le petit sac à dos de ville
– le couteau suisse
– la poche à eau
– les bâtons de marche
– le chapeau
– les chaussettes de rando : 2 paires de chaussettes en laine de mérinos. Contrairement au synthétique, avec cette laine de mérinos il ne s’installe pas au fil des jours une odeurs de pieds. En plus elles sont isothermiques.
– l’iPhone15 Pro et sa coquebatterie
– la tablette
– son clavier amovible (indispensable pour écrire de longs textes)
– les 2 prises de courant à charge rapide
– les connectiques
– la frontale
Voilà, sur cette liste s’achève mes articles. A Héraklion le temps est toujours splendide et il fait encore très chaud. Je vais aller faire un tour dans l’ancienne ville et sur le port. En confiance dans les mains de la providence, demain je serai en France et chez moi.
Michel
Merci Michel
Le feuilleton quotidien « pays de Cham » va manquer😉
Tu nous as régalé de soleil,lumières,histoire,paysages….
Très gros travail !
Bon retour
Gen
Salut Michel !
Encore un super voyage, que tu nous as permis de partager un peu avec toi.
Gros bisous
Bon retour dans ton magnifique Vercors et merci de nous avoir fait voyager au travers de tes récits et photos.
Gros basgi
tu t’es bien régalé merci pour toutes ces photos et tes récits et anecdotes ca a permis de voyager un peu par procuration j’espère que tu as pris un dernier bain avant de rentrer en france biz