20240712_Prinias Rizenia

Au point bleu
Les site à visiter autour d’Héraklion

Prinias Rizenia

Plan qui situe Prinias entre Cnossos et Gortyne ; reliant ainsi Héraklion Cnossos à la plaine de la Messara
Plan du site et temple A & B
Plan du temple A & B

Prinias Rizenia histoire

Prinias possède plusieurs sites archéologiques dont le principal sont des ruines antiques dont les archéologues pensent qu’il s’agit des ruines de la cité antique de Rhizénia, ou Rizinia ; la localisation de l’antique Rhizénia est longtemps demeurée incertaine.
Le site archéologique de Rhizénia se trouve au sommet d’une colline, la colline de Patéla, ou Patella, dont le sommet aplati s’élève à environ 680 m d’altitude. Le toponyme de Patéla signifie « plat » ou « rotule ».
Le plateau de Patella est situé à 1 km au nord-est du village de Prinias.
La cité antique de Rhizénia était à peu près à égale distance de deux cités puissantes : la cité de Cnossos, au nord, et la cité de Gortyne, au sud, dont Rhizénia était, semble-t-il, l’ultime place forte vers le nord.
La cité de Rizinia aurait été fondée, plutôt tardivement, à la fin de l’époque minoenne récente MR-III, vraisemblablement par des Minoens fuyant l’invasion de la côte nord de l’île par les Grecs mycéniens ou doriens ; ces populations, que l’on nomme Étéocrétois, c’est-à-dire les « vrais Crétois », fondèrent à cette époque plusieurs cités, telles celles de Pressos, de Karphi ou de Polyrrinia. La cité de Rizinia ne fut pas abandonnée à l’époque grecque archaïque, contrairement à d’autres cités étéocrétoises, mais continua de prospérer comme ville grecque.
Les fouilles ont mis au jour une ville qui, dans son tracé le plus récent, c’est-à-dire de la période comprise entre le VIIIe siècle et le VIIe siècle avant JC, se caractérise par un réseau de rues régulières qui délimitent des îlots constitués de grandes salles. La grande quantité de tessons brisés qui jonchent le sol indique qu’il s’agissait, à cette époque, d’une localité importante ; en errant parmi les ruines, on découvre les fondations d’habitations anciennes, aux marches et aux porches bien identifiables.
Les éléments les plus remarquables sont les vestiges de deux temples de l’époque archaïque :
Le temple le plus ancien, dénommé « A », est celui qui est situé le plus à l’est ; sa construction est datée de la fin du VIIe siècle, vers 625 avant JC. Bien que son plan de construction suive le modèle mycénien, nombre de ses éléments rappellent les petits sanctuaires de l’époque minoenne récente MR-III. Le bâtiment avait un toit plat et trois piliers massifs sur la façade principale ; un mur de façade était orné d’une frise en relief représentant des cavaliers, avec leurs boucliers et leurs lances ; suivant les canons de la sculpture dédalique, les têtes sont représentées de face, la forme du visage est triangulaire, les yeux sont grands et les cheveux présentent des similitudes évidentes avec les figures égyptiennes et moyen-orientales ; les pattes et la queue des chevaux sont démesurément longues ; on suppose que cette frise ornait la partie inférieure de l’un des murs du temple. Le détail le plus remarquable qui subsiste est le linteau en calcaire de la porte de la façade principale du temple, portant deux statues monumentales de déesses, assises l’une en face de l’autre ; les personnages, dont l’identification est controversée, portent chacun une jupe longue décorée et une sorte de châle, rappelant ceux de la sculpture dite de la « Dame d’Auxerre », conservée au Musée du Louvre à Paris, en France. Sous les personnages se trouve une frise orientalisante représentant trois panthères de chaque côté ; ce motif est typique de la Syrie du Nord. Ces sculptures sont parmi les premiers exemples de la sculpture du style dédalique de l’époque protogéométrique.

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Le temple « B » est connu pour sa sculpture dédalique, qui consiste en une statue de déesse assise sur un trône et portant une cape et une jupe rigide décoré d’animaux, d’un cheval, d’un lion et d’un sphinx ; la déesse aurait pu représenter Rhéa ou Artémis, comme « la maîtresse des animaux ». Il semble que des holocaustes y aient eu lieu, comme en témoignent des ossements d’animaux, brûlés par le feu, découverts sur le sol.

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Temple ou pas temple ?, le temple A

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Une série d’arguments s’opposent à identifier le temple A comme un temple. Il apparaît sans commune mesure avec les autres temples urbains connus, qui ne semblent d’ailleurs pas attestés sur l’île avant la fin du VIIe s. On a vu également qu’en l’absence de texte de loi, l’argumentation qui consistait à faire de l’habitat de Prinias une polis dès le milieu du VIIe s. reposait sur l’identification du bâtiment archaïque comme un temple. Or, si le pseudo « temple A » de Prinias n’est plus un temple, voilà qui met à mal le raisonnement circulaire qui consiste à dire qu’avec la construction de cet édifice la communauté avait atteint le stade de la polis.
En définitive, nous avons dans ce bâtiment archaïque de Prinias la plus belle expression d’une salle de banquets monumentale, comportant à tout le moins une décoration (il est difficile de se prononcer sur l’architecture elle-même) à l’orientale. Tout le problème consiste à définir si les éléments invoqués dans
l’analyse vont dans le sens du banquet aristocratique ou dans celui de repas collectifs. Une hypothèse alternative consisterait à dire que le monument puisse témoigner du passage de l’un à l’autre, au cours de deux phases successives, les pithoi à relief pouvant avoir été ajoutés dans la dernière phase d’utilisation du bâtiment ou avoir été récupérés par les nouvelles élites, c’est-à-dire la classe des citoyens. Mais, en l’absence de textes, la chose est impossible à prouver et les décorations sculptées font pencher la balance en faveur de la première hypothèse : la salle de banquet artistocratique.


En fait, il y a un problème de lecture qui dépend de la date à laquelle on fait de la communauté de Prinias une polis. Soit l’on considère que ce monument reflète l’existence d’une communauté de citoyens, en ce cas deux hypothèses s’affrontent : (a) celle d’un temple urbain ; (b) celle d’un andreion
(l’élite représentée sous les traits de cavaliers pourrait être la classe des citoyens). Soit l’on considère qu’au moment de la construction de l’édifice la communauté de Prinias n’avait pas atteint le stade de la cité-État ; l’édifice serait alors à tout le moins le siège d’un clan prééminent, si ce n’est la salle de banquets d’un chef local. En écartant l’hypothèse cultuelle, si tant les indices des rites de passage que celui du contrôle d’activités artisanales pourraient aller dans le sens de l’une ou de l’autre de ces hypothèses, la richesse du décor sculpté favorise indéniablement la seconde.
Il a été démontré que dans le contexte spécifique de la Crète, au moment où s’établit la polis, toute expression d’une suprématie personnelle s’efface (les inscriptions p. ex. taisent le nom des individus) ; il n’y a plus de caractère ostentatoire dans les monuments ; autrement dit, l’individu et le prestige
personnel s’estompent pour laisser la place à un seul nom, celui de la cité. On se gardera donc de voir ici une représentation (même idéalisée) de citoyens ; ils ne sont de toute façon jamais représentés par la suite sur l’île. La thèse développée par Th. Brisart d’un art orientalisant civique semble donc inopérante dans la situation de Prinias dans la mesure où les éléments orientalisants observés ici ont très peu de chance de refléter les ors de la cité.
Sur ce site, on a vu que des destructions, conséquences de tensions sociales, avaient eu lieu une cinquantaine d’année après la construction du « temple A ». Même si le scénario d’un régime tyrannique doit être considéré avec précaution, il est impossible de l’écarter, notamment en raison des données
livrées par la nécropole. Pour conclure, on retiendra que l’édifice est l’œuvre d’une élite, selon toute vraisemblance d’une famille puissante, et qu’il était avant tout destiné à accueillir la célébration de banquets : un édifice pensé par et pour un clan aristocratique, dont le caractère prééminent au cœur de la communauté laisse entrevoir la possibilité qu’il s’agisse du siège d’un seigneur local, autour duquel gravitaient notamment les rites de passage d’un club d’aristoi, voire, peut-être, de l’ensemble de la communauté. Voilà sans doute de quoi nuancer la notion – probablement anachronique – de « temple de la cité » pour la Crète du VIIe s.

Arrivée sur site et les vues panoramiques

Les tours hellénistiques

L’habitat de la pointe Sud du plateau

Ce sont autant de murets qui constituaient les maisons et traçaient les rues
Un tesson épais

Le temple A & B et les corridors

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Les temples A&B vues générales
Le temple A
Le temple B
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Les corridors entre les temples
Corridor entre le temple A et le temple B

La chapelle

Prinias Siderospilia necropolis

500 m à l’ouest de la colline de Patéla se trouve une nécropole qui est étroitement liée à l’histoire de la cité antique de Rhizénia, mais qui a continué d’être utilisée jusque pendant la domination romaine de la Crète. Cette nécropole se trouve au lieu-dit Sidérospilia, ou Sidérospiliès, c’est-à-dire quelque chose comme « les grottes de fer ».
Sur la gauche de la route, on peut voir deux remarquables tombes creusées dans la roche, mais ce n’est qu’une partie d’une vaste nécropole qui comprenait 680 tombes, dont certaines, environ 18, étaient des tombes de chevaux ou d’autres animaux.

Vers la fin du XIIIe siècle avant JC, à l’époque minoenne récente MR-III-c, les sépultures étaient des fosses, de forme ovoïde, creusées dans la roche, où les défunts étaient incinérés. Aux époques mycénienne et dorienne, les défunts étaient inhumés dans des tombes à tholos; c’est de cette époque que datent aussi les tombes de chevaux. Aux époques géométrique et orientalisante, les défunts étaient incinérés dans des vases en argile recouverts de pierres, avec de nombreuses stèles funéraires.
La nécropole de Sidérospilia a livré de nombreux artefacts, notamment de grands cratères, c’est-à-dire des coupes à boire, et des bijoux tels qu’un périapte en or, c’est-à-dire une sorte d’amulette que l’on portait au cou pour se préserver de diverses maladies.

À bientôt,

Michel

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